«Amour». Un mot souvent prononcé sous une voûte d’église, mais, selon la Genevoise Lisa Mazzone, trop peu sous la coupole fédérale. Pour la jeune députée des Verts, l’amour est en effet à l’origine du parcours de nombreux parlementaires. Une valeur essentielle pour développer le sens de l’autre, la reconnaissance du lien, la conscience accrue de la collectivité.
Une allocution originale et sincère qui a capté l’attention des députés présents dans une collégiale à moitié pleine. Les parlementaires ont écouté religieusement leur collègue, ainsi que plusieurs intervenants des principales confessions chrétiennes de Suisse, membres de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse (CTEC), qui organisait l’événement. Des interventions mises en valeur dans un écrin musical composé de morceaux d’orgue et des chants du chœur de l’Eglise orthodoxe serbe de Berne. Une ambiance d’harmonie et de communion dans une diversité reflétée par les vêtements très différents des intervenants chrétiens.
Une diversité que Lisa Mazzone a ramenée à la sphère politique en rappelant que «s’aimer ne veut pas dire faire disparaître toutes les différences, mais faire une place à l’autre et à ses opinions, afin de tous pouvoir travailler ensemble».
Le message de la politicienne genevoise résonnait avec la lecture de l’Evangile tirée de la Seconde Epitre de Pierre, selon laquelle: «Nous attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habite» (2Pe 3,13).
Face à cela, le conseiller national Alex Kuprecht (UDC/SZ) a relevé l’importance de préserver, tout d’abord, les acquis de la Suisse en matière de prospérité et de sécurité. Il a souligné l’importance de la gratitude pour les générations de politiciens qui les ont précédés et qui ont fait de la Suisse un pays où il fait bon vivre.
Barbara Hallensleben, professeure de théologie à l’Université de Fribourg, a cependant rappelé que la justice et la paix ne pouvaient être complètes que si elles étaient données à tous. Une valeur présente dans toutes les confessions chrétiennes. «La prière crée l’ordre du monde», a-t-elle lancé, citant le philosophe et théologien juif allemand Franz Rosenzweig (1886-1929). Elle a rappelé que «les chrétiens ont changé l’ordre du monde par la prière et par leur action».
Elle a pris comme exemple le premier Rassemblement œcuménique européen «Paix et justice», à Bâle, la semaine de Pentecôte 1989. 700 délégués y représentaient l’Europe de l’Est et de l’Ouest. Plusieurs membres de la délégation de la République démocratique allemande (RDA) à Bâle étaient engagés dans les manifestations pacifiques contre le régime, qui ont mené à la chute du mur de Berlin. Le document final de l’assemblée de Bâle soulignait justement qu’il ne peut y avoir de justice si elle n’est pas pour tous, pas de paix entre les peuples sans paix avec la nature.
Paraphrasant l’apôtre Paul, Barbara Hallensleben a finalement encouragé les parlementaires à se souvenir que face aux difficultés, ils ne sont pas seuls: «Il n’y a ni Juifs, ni Grecs, ni esclaves, ni hommes libres, ni hommes ni femmes, ni chrétiens ni musulmans, ni PDC ni UDC, ni socialistes, libéraux, ou Verts; car vous êtes tous unis en espérance et dans la tâche commune». (cath.ch/rz)
Reflets de cérémonie
Dans le cadre de la célébration du 2 décembre, cath.ch a recueilli quelques réflexions de participants:
Lisa Mazzone: «Cela me touche d’avoir été invitée dans la Collégiale, un lieu tellement porteur de sens. Pour moi, la spiritualité est nécessaire, sous une forme ou une autre, pour réaliser la transition maintenant nécessaire pour notre planète. Car cela passe aussi par un changement dans les têtes. Même si un rapprochement au niveau de la forme est improbable entre les partis écologistes et les Eglises, il existe sans aucun doute un rapprochement au niveau des valeurs».
Mgr Denis Theurillat, (photo) évêque auxiliaire de Bâle: «Je suis convaincu que ce genre de célébrations est utile pour le monde politique. L’Esprit-Saint est présent partout et il a la capacité d’ouvrir tous les cœurs. J’espère que la volonté d’unité dont nous avons fait preuve pourra inspirer les parlementaires vers des voies plus prononcées de dialogue et d’entente en vue du bien commun.»
Daniel de Roche, pasteur et président de la CTEC: «Nous avons pu montrer au monde politique les multiples facettes du christianisme en Suisse. Je suis également heureux que nous ayons donné aujourd’hui une grande place et parole aux femmes. Même si les invitations des intervenantes ont été réalisées avant les élections d’octobre, elles reflètent de façon heureuse la ‘féminisation’ du Parlement». RZ
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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