En donnant la prétention de croire que la vie dépend uniquement de ce que l’on fait et de ce que l’on possède, le «virus du consumérisme» s’en prend à la foi des fidèles à sa racine, a dénoncé le pape François face aux quelque 1’500 membres de la communauté congolaise (République démocratique du Congo) réunis dans la basilique Saint-Pierre.
Certains d’entre eux sont venus de loin, a souligné le chef de l’Eglise catholique. Après avoir quitté leurs maisons et leurs proches, ils sont arrivés en Italie où ils ont trouvé à la fois «accueil, difficultés et imprévus». Mais pour le Seigneur, personne n’est étranger : dans Sa maison chacun doit se sentir chez soi.
Malgré cette invitation de Dieu à venir à Lui, on peut cependant «préférer les ténèbres à la lumière du Seigneur», a mis en garde le pape François. Cela peut notamment s’expliquer par le «virus du consumérisme» qui «règne aujourd’hui en maître» et «anesthésie le cœur». Cette maladie attaque la foi à la racine et donne la prétention de croire que la vie dépend uniquement de ce que l’on fait et de ce que l’on possède.
Par conséquent, on vit des choses, mais on n’en connaît plus forcément la raison, a estimé le pontife argentin. On «a» beaucoup de biens mais on ne «fait» plus le bien. «Les maisons se remplissent de choses mais se vident d’enfants», a-t-il déploré. C’est selon lui le «drame» de l’actuel «hiver démocratique». «On gaspille le temps dans des passe-temps, mais on n’a plus du temps pour Dieu et pour les autres», a-t-il encore pointé. C’est ainsi que «l’avidité grandit» et que les autres deviennent des «entraves dans la course» à la consommation.
Face à ce «danger», le Seigneur veut venir «réveiller» les fidèles, a annoncé le pape François ayant revêtu les habits liturgiques violets de la période de l’Avent. Dans les lectures de ce dimanche figure ainsi plusieurs fois le verbe venir, sens du mot «Avent». La venue du Seigneur est «la racine de notre espérance», a-t-il affirmé. Il est venu il y a deux mille ans et Il viendra encore à la fin des temps. «Mais Il vient aujourd’hui également dans ma vie, dans ta vie», malgré les problèmes, les angoisses et les incertitudes.
L’une des tâches du chrétien consiste à «veiller» afin de «résister au sommeil qui nous gagne tous», vaincre la tentation de croire que le sens de la vie réside dans l’accumulation et démasquer l’illusion qu’on est heureux si on a beaucoup de chose, a précisé l’évêque de Rome. Pour pouvoir veiller, il faut tenir pour certaine cette espérance : «la nuit ne durera pas toujours, que bientôt l’aube pointera».
Le successeur de Pierre a par ailleurs invité à prier pour la paix au Congo. Ce pays est gravement menacé dans l’est, surtout dans les territoires de Béni et de Minembwe. Dans ces zones, a-t-il indiqué, de nombreux conflits font rage, «nourris de l’extérieur alors que beaucoup se taisent». Ce conflit est «alimenté par ceux qui s’enrichissent dans le commerce des armes», a-t-il encore dénoncé.
Le pontife a également fait mention de la bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta (1939-1964), dont l’Eglise catholique fait mémoire en ce 1er décembre, date anniversaire de son martyre. Cette religieuse congolaise a été violemment tuée en affirmant à son bourreau : «Je te pardonne, parce que tu ne sais pas ce que tu fais». ‘Martyre de la pureté’, elle a été béatifiée par le pape Jean Paul II (1978-2005) en août 1985 à Kinshasa.
Après son homélie, le pape François a poursuivi cette célébration dans le rite zaïrois. Approuvé en 1988, ce rite est une adaptation congolaise du rite liturgique romain. Il est le fruit d’un long processus d’inculturation de la liturgie, encouragé par les différents papes depuis le Concile Vatican II. Son objectif est d’ouvrir la liturgie aux valeurs culturelles du peuple zaïrois. Les textes et les rituels tiennent ainsi compte de la tradition stylistique orale africaine. (cath.ch/imedia/pad/cp)
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