Bambino Gesù: «Un hôpital catholique est d'abord un hôpital humain»

Parce qu’il porte en lui les racines de l’Evangile, l’hôpital du Bambino Gesù, à Rome, a fait le choix d’accueillir des enfants incurables et se consacre aux maladies rares, déclare sa directrice Mariella Enoc. Cet établissement pédiatrique appartenant au Vatican fête en 2019 ses 150 ans.

Par Claire Guigou, I.MEDIA

Lors d’une récente audience privée à l’occasion des 150 ans du Bambino Gesù, le pape a invité le personnel de votre structure à obéir à «l’autorité morale des enfants». Est-ce l’objectif que poursuit l’hôpital?
Mariella Enoc: C’est une parole simple et vraie. Nos patrons sont les enfants et leurs familles. Nous répondons donc d’abord à leurs besoins. Cet hôpital accueille des enfants incurables, c’est un choix important. Nous l’avons fait pas tant car nous sommes un hôpital du Vatican, mais parce que nous portons en nous les racines de l’Evangile et que celui-ci nous inspire des actions à effectuer en tant que chrétiens. Le pape nous rappelle souvent qu’un hôpital catholique est d’abord un hôpital humain. Nous avons reçu récemment une lettre d’un imam nous demandant de procéder à la circoncision de certains enfants car celle-ci est réalisée bien souvent dans de mauvaises conditions. Cela reste un projet. De même, nous collaborons beaucoup avec la communauté hébraïque de Rome.

Quelle est la mission première du Bambino Gesù en tant que structure du Vatican?
Sa première mission consiste d’abord à prendre soin des enfants. Nous pensons que la plus haute forme de charité envers ceux-ci demeure l’investissement dans la recherche. Nous réussissons ici à soigner des maladies qu’ailleurs il est impossible de guérir. Nous avons également une grande ouverture au monde. Nous soignons en effet les enfants qui ne peuvent pas être pris en charge dans leur pays d’origine et délivrons des formations médicales pour des soins très spécifiques dans le monde entier.

«Le Vatican ne nous donne pas un euro»

Quelque 150 ans après sa création, quels sont les défis auxquels fait face le Bambino Gesù?
La médecine a connu des évolutions extraordinaires ces dernières années et j’observe une impulsion à vouloir faire toujours plus. Dans ce contexte, l’un des grands défis reste la recherche en matière d’immunologie, le futur de la médecine. De plus, cet hôpital a la spécificité de s’atteler à la recherche concernant les maladies rares. Aujourd’hui, certains enfants ont des pathologies graves dont ils ne connaissent même pas le nom. Devant ces situations difficiles à vivre, nous comptons beaucoup sur la recherche génétique. Enfin, un troisième défi consiste à être toujours plus un hôpital de «fils du monde», toujours plus accueillant, apportant son expertise dans de nombreux pays. Il n’y a aucune spécialité pédiatrique que l’hôpital ne puisse effectuer. Nous cherchons à être attentifs à tous les problèmes que peuvent rencontrer les enfants dans le monde. Enfin, il s’agit de s’assurer du développement de l’hôpital.

Sur ce dernier point, comment l’hôpital du Vatican parvient-il à se développer? En plus de l’appui du Saint-Siège, quelles sont les aides financières que vous recevez?
Le Vatican ne nous donne pas un euro. Le Saint-Siège ne collabore pas en ce sens. Nous recevons des aides du service sanitaire italien, des instituts de recherche propres à chaque maladie ainsi que des fonds de donateurs européens et du monde entier. Nous faisons cependant bien attention par exemple à ce que les fonds italiens ne soient pas mobilisés pour la recherche. Celle-ci est financée par des donateurs du monde entier à travers la fondation ›Bambino Gesù’, bien souvent des grandes entreprises privées, des fondations… Notre structure est donc autofinancée. (cath.ch/imedia/cg/rz)

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