L'Argentine a perdu 13% de ses catholiques en dix ans

D’après une étude récente, le nombre de catholiques en Argentine, pays du pape François, a chuté de 13% entre 2008 et 2019. Dans le même temps, le nombre d’évangéliques et de personnes «sans religion» a beaucoup augmenté.

Publiée par le Conseil national de recherches scientifiques et technique de la République Argentine (Conicet), l’étude réalisée sur un échantillon représentatif de 2’421 personnes précise que 62,9% des 45 millions d’Argentins se considèrent comme catholiques. Ils représentaient 76,5% de la population en 2008.

Pour les auteurs de l’étude, ce déclin s’explique par l’effet de sécularisation qui touche l’Argentine, comme de nombreux autres pays. Ainsi, les personnes ayant indiqué ne pas avoir de religion constituent actuellement 18,9% de la population, contre 11,3% en 2008. Mais la sécularisation n’explique pas tout. L’étude du Conicet souligne que le nombre de fidèles des Eglises évangéliques est passé de 9% à 15,3% en onze ans.  

Pas d’»effet pape François»

L’étude constate que les espoirs suscités par l’élection du pape François en mars 2013 n’ont pas été suivis d’effets. 82% des sondés ont confirmé que cette élection n’avait eu aucun impact sur leur religiosité, et seulement 8% ont assuré qu’elle avait renforcé leurs croyances religieuses. Selon les auteurs de l’étude, la figure du pape François n’est pas un facteur d’unification, mais plutôt de division dans son propre pays. Si plus d’un quart des sondés (27,4%) considère que le Saint-Père est une «autorité mondiale» dans la dénonciation de situations d’injustices sur la planète, un nombre semblable (27%) de ses compatriotes pense que le religieux s’est trop impliqué en politique et que cela a perturbé sa fonction spirituelle.

Différences générationnelles et géographiques

L’étude du Conicet illustre également une grande rupture générationnelle en Argentine. Ainsi, parmi les habitants de 65 ans et plus, la proportion des catholiques demeure assez haute (81,5%). Mais elle chute à 52,5% chez les personnes âgées de 18 à 29 ans, représentant 57,4% chez les personnes entre 30 et 44 ans. Les «sans religion» ont ainsi augmenté de 25% chez les jeunes de 19 à 29 ans.

Les recherches révèlent également des disparités régionales. Il y a ainsi une plus grande présence de ceux qui s’identifient comme «sans religion» dans la région de Buenos Aires, la capitale, où la part de catholiques est l’une des plus basses du pays (56,8%). Un chiffre comparable à la lointaine Patagonie (51%).

Enfin, le Conicet confirme que les femmes sont plus religieuses. 65,3% d’entre elles ont en effet déclaré être catholiques et 16,9% évangéliques. 14,5% d’entre elles se sont identifiées comme «sans religion». C’est le cas d’un quart des hommes (23,8%), alors qu’ils se sont revendiqués à 60% comme catholiques et 13,6% comme évangéliques. (cath.ch/jcg/rz)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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