Tant de fois, a-t-il déploré, le chrétien pratique la charité afin d’attirer l’amitié d’une personne importante ou encore pour être considéré comme «bon» aux yeux des autres. Cette attitude se nomme «l’hypocrisie du je», a-t-il souligné. Il a appelé à cette occasion chaque chrétien à bien s’interroger sur la radicalité de son lien avec les pauvres.
L’Evangile invite au contraire à une «charité non hypocrite», sans rechercher de récompense ni de compliment. L’évêque de Rome a alors invité à se demander: «est-ce que j’aide quelqu’un de qui je ne pourrais pas recevoir ?». En tant que chrétien, «ai-je au moins un pauvre pour ami ?». Parce qu’ils ne parlent pas «la langue du je», parce qu’ils ont besoin d’être soutenus, les pauvres rappellent à tous que les chrétiens doivent vivre tels des «mendiants tendus vers Dieu», a-t-il déclaré.
Lorsque les pauvres frappent à nos portes, il s’agit donc pour chacun d’écouter leur cri tel un appel à «sortir de notre moi», a considéré le pontife romain. Dans nos cœurs, ils doivent en effet occuper la place qu’ils occupent dans le cœur de Dieu. En les servant, les chrétiens apprennent ainsi les «goûts» de Dieu, a-t-il considéré.
Presque tout passera, a rappelé l’évêque de Rome. Ce qui demeure, c’est l’amour, a insisté le pontife, seule chose qui vaille la peine de vivre. En mendiant notre amour, les pauvres nous conduisent au Seigneur et facilitent l’accès au paradis. En ce sens, ils sont les «portiers du ciel».
Le chef de l’Eglise catholique a donc mis en garde contre cette tentation de l’empressement, consistant à vouloir tout et tout de suite. Cette hâte, a-t-il averti, ne vient pas de Dieu. En se précipitant, l’homme perd de vue le ciel, ne trouve plus de temps pour Dieu et pour ses frères. Avec cette mentalité, de nombreuses personnes âgées, personnes handicapées et pauvres, parce qu’inutiles, sont écartées de cette société, s’est-il attristé.
A l’occasion de cette messe, de nombreux pèlerins du monde entier étaient réunis dans l’immense basilique vaticane. Une statue de la Vierge de Banneux, sanctuaire marial en Belgique, appelée la ‘Vierge des Pauvres’, a été installée spécialement près du baldaquin du Bernin. Celle-ci a été offerte par le diocèse de Liège au pape François.
Cette journée particulière a été décidée par le pape François le 13 novembre 2016, après le Jubilé des sans-abri organisé par l’association Fratello, au cours de l’Année de la miséricorde. Elle a été célébrée pour la première fois en 2017.
A la fin de la traditionnelle prière de l’Angélus, sur la Place Saint-Pierre, le pape s’est rendu à la salle Paul VI vers 12h20, pour donner le coup d’envoi du déjeuner organisé à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres. 50 volontaires des paroisses romaines servent aux tables les quelque 1’500 nécessiteux qui sont accompagnés par le personnel des associations bénévoles. Le menu comprend un plat de lasagnes, des morceaux de poulet avec de la crème de champignons et des pommes de terre, un dessert, des fruits et du café.
Dimanche midi 17 novembre 2019, le pape François a partagé un repas avec des pauvres venus de tous les diocèses d’Italie. Partout dans le monde, et notamment à Lourdes dans le cadre du rassemblement de Fratello, sont organisés des repas et d’autres initiatives pour renforcer les liens de fraternité avec les pauvres.
La 3ème Journée mondiale des pauvres avait lieu le 17 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire, avec pour thème «L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue». Le message du Saint-Père avait été rendu public le 13 juin 2019. Il débute avec ces mots du psalmiste: «Le pauvre n’est jamais oublié jusqu’à la fin, l’espérance des malheureux ne périt pas à jamais» (Ps 9, 19).
Dans son message, le pape François revient sur la crise économique, qui n’a «pas empêché de nombreux groupes de personnes de s’enrichir», une situation anormale quand nous voyons «le nombre considérable de pauvres qui manquent du nécessaire dans les rues de nos villes et qui sont parfois brimés et exploités».
Les siècles passent, mais la situation des riches et des pauvres reste inchangée, «comme si l’histoire ne nous enseignait rien», observe tristement le pape François, dénonçant «l’esclavage de la pauvreté». (cath.ch/vaticannews/imedia/cg/be)
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