Dans certains pays, a déploré le pape, certaines réformes permettent à présent de «justifier» des crimes commis par des forces de l’ordre. Il est important que la communauté internationale s’élève contre ces dérives afin d’empêcher une certaine «démagogie punitive», a-t-il considéré. Ces comportements inadmissibles pour un Etat de droit s’accompagnent généralement de préjugés racistes et du mépris de certains groupes.
Ces attitudes sont caractéristiques de la «culture du déchet». Combinée à d’autre facteurs, celle-ci peut dégénérer en une «culture de la haine», a averti le pape. Selon lui, certaines actions et emblèmes du racisme renaissent aujourd’hui. On l’observe notamment à travers les persécutions contre les juifs, les gitans ou encore les personnes homosexuelles, a-t-il égrené. «Je dois confier que lorsque j’entends certains discours, certains responsables des forces de l’ordre ou de gouvernements, me viennent à l’esprit les discours d’Hitler en 1934 ou 1936», a-t-il alors lancé spontanément.
Par ailleurs, l’évêque de Rome s’est élevé contre l’usage arbitraire de la prison préventive. Selon lui, son recours s’est aggravé ces dernières années dans beaucoup de pays. Le nombre de détenus sans condamnation, a augmenté de 50% au sein des centres pénitentiaires, a-t-il relevé. Ce procédé contribue selon lui à détériorer encore davantage les conditions carcérales et favorise les interventions illicites des forces de l’ordre.
Le pontife romain a également attiré l’attention des participants sur les délits économiques, en particulier sur la «macro-délinquance des entreprises». La finance mondiale est responsable selon lui de graves délits non seulement contre la propriété mais aussi contre les personnes et l’environnement. Le droit pénal ne peut se détourner de ces délits: ceux-ci atteignent même le degré de «crimes contre l’humanité» lorsqu’ils conduisent à la faim, à la misère, à la migration forcée, et à la mort en raison de maladies évitables ou encore au désastre écologique et à l’ethnocide des peuples indigènes.
Le pontife a donc appelé à traiter juridiquement ce qu’il qualifie d’»’écocide». Il a exhorté l’ensemble des leaders à assurer «une protection juridique adéquate» de la maison commune. «Nous sommes en train de penser à introduire [cette notion] dans le catéchisme de l’Eglise catholique», a confié le pape. Pour lui, l»écocide’ constitue en effet la cinquième catégorie des crimes contre la paix.
En conclusion, le pape a plaidé pour l’établissement d’une justice ‘restaurative’ ou ‘réparatrice’, qui consiste à faire justice à la victime et non à «exécuter l’agresseur». «L’accomplissement d’un mal ne justifie pas l’imposition d’un autre mal comme réponse». «Les prisons doivent avoir des fenêtres», a-t-il encore lancé, sortant de son discours. Ce modèle carcéral fondé sur le dialogue n’est pas une «utopie» mais bien un défi pour la société. (cath.ch/imedia/cg/mp)
Maurice Page
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