Cette célébration est un évènement religieux, connu sous le nom de Maouloud (en Afrique noire), Mawlid ou Moulid (la naissance) en Afrique du Nord et dans les pays arabes. Elle donne lieu, toute la nuit, à des prières, chants religieux et déclinaison de poèmes dédiés au sceau de l’Islam. Des conférences à sa gloire, sur sa vie et sa mission de prophète, ainsi que ses œuvres et son modèle sont aussi prononcées. Esplanades de mosquées, places publiques, foyers de chefs religieux abritent ces manifestations.
Au Sénégal, les musulmans représentent environ 95% de la population, estimée à 16 millions d’habitants. La ville de Tivaouane, au nord du pays, a été le lieu de convergence de centaines de milliers de musulmans. Elle est considérée comme le haut-lieu de l’Islam sénégalais, étant le fief du khalife général des Tidjane (ou Tidjaniya, adeptes de Tidjane), la plus grande confrérie musulmane soufie du Sénégal, et la plus répandue en Afrique et dans le monde
En 2015, la Tidjanya comptait plus de 150 millions d’adeptes à travers le monde. Elle a été fondée dans une oasis, en Algérie, en 1782 par le cheikh Ahmed Tijani. Théologien et juriste, Ahmed Tijani est né en 1737 ou 1738 à Aïn Madhi, au sud de l’Algérie, et décédé en exil, le 22 septembre 1815 à Fès, au Maroc.
La ville de Tivaouane, qui compte quelque 41’000 habitants, n’est pas seulement habitée que par des musulmans. Elle compte aussi des familles chrétiennes, qui vivent le Maouloud avec la même ferveur que les musulmans. C’est le cas de cette famille catholique qui, chaque année depuis 22 ans, ouvre ses portes aux pèlerins venus célébrer la naissance de leur prophète avec leur khalife, selon le site d’information sénégalais E-media.
«Dans cette concession, l’ambiance du Mawlid est palpable. Des haut-parleurs, accrochés aux différents coins de la maison, distillent les sons de célèbres chanteurs musulmans. Cette maison n’est pas celle d’un guide religieux, mais celle d’une chrétienne, Antoinette Bampoky, doyenne de la maison qui, pour les besoins du Maouloud, a revêtu ses plus beaux atours». Comme elle, nombreux sont les chrétiens vivant dans la cité religieuse accueillent leurs frères musulmans lors du Mawlid.
Dans un autre quartier de la ville, Keur Mass, «c’est le parfait amour» entre la minorité musulmane et la majorité catholique, rapporte les médias Seneweb. «Chaque année, à l’image des musulmans, la communauté catholique célèbre le Mawlid. Elle héberge des pèlerins et leur offrent nourriture et tout ce qui va avec. Un symbole fort du dialogue islamo-chrétien!», peut-on constater dans une vidéo où des catholiques témoignent en woloff, une langue locale au Sénégal.
Dans le reste de l’Afrique aussi, le Mawlid rassemble dans une grande ferveur religieuse. En Algérie, par exemple, a eu lieu une remise de Prix pour un concours de récitation de Coran et de Hadiths (citations du prophète Mohamet), selon l’agence Algérie presse service (APS). En Côte-d’Ivoire, dans une interview accordé au quotidien l’Intelligence d’Abidjan, dans le cadre de la fête, un imam a rappelé que «le musulman doit aimer le prophète Mohamet plus que lui-même».
Au Nigeria, où les conflits interreligieux sont récurrents, l’émir de la mosquée centrale Ijede, au nord-est de Lagos, a exhorté ses coreligionnaires musulmans, à profiter de la célébration du Maoulud pour «promouvoir la paix, l’unité et l’amour des uns pour les autres». (cath.ch/ibc/gr)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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