Le Père Zollner fait remarquer que selon les statistiques un prêtre commet le premier abus en moyenne à l’âge de 39 ans. Pour le jésuite, ce fait démontre donc que le célibat en soi n’en est pas la cause, car il le vit depuis 15 ou 20 ans avant de commettre le premier abus.
Dans une interview à la chaîne de TV catholique ETWN, il souligne en outre que plus de 90% des abus sexuels sont commis par des personnes qui ne vivent pas le célibat, c’est-à-dire dans les familles, les associations sportives ou autres. En outre, au moins 95% des prêtres n’ont jamais commis d’abus sur mineurs.
Même si tous les rapports scientifiques et gouvernementaux du monde entier relèvent que le célibat ne produit pas en soi de comportements abusifs ni de violences sexuelles, ils s’accordent aussi pour dire qu’il peut être un facteur de risque lorsqu’il n’est pas vécu de manière intégrée ou acceptée, admet le théologien et psychologue.
Après le «printemps» des premières années de sacerdoce, un prêtre peut se sentir isolé, manquer de bonnes amitiés, de contact avec l’évêque et souffrir d’une surcharge de travail. Il peut alors chercher un moyen de sortir de son insatisfaction, par l’argent, une vie confortable ou une interaction sexuelle avec un mineur, explique-t-il. Il est donc important d’investir non seulement dans la formation initiale, mais aussi permanente. Il est fondamental que les prêtres, les religieux et religieuses soient formés sur la manière dont on peut vivre ses émotions, ses désirs et sa sexualité d’une manière suffisamment intégrée et mature.
Selon le Père Zollner, les pédophiles au sens propre, c’est-à-dire les personnes attirées exclusivement par les enfants ne constituent pas plus de 10% des cas. Il s’agit de personnes qui ont de la difficulté à communiquer avec des gens du même âge ou qui sont très instables sur le plan émotionnel.
Dans 90% des cas, les abus sexuels ne sont donc pas d’ordre pathologique. Ils sont plutôt liés à une dynamique psychologique de découragement, de dépression, de peur et d’isolement qui se produit au cours des années de la vie sacerdotale, surtout si le prêtre n’a pas une vie spirituelle vraiment fructueuse.
Pour le jésuite, tout comme le célibat, une tendance homosexuelle ne conduit pas à l’abus sur mineur. Mais il faut néanmoins considérer que le nombre de cas d’abus homosexuels sur mineur est beaucoup plus élevé chez les prêtres que dans la société en général. Surtout si l’on examine les années 1970 à 1990.
Hans Zollner explique cette prévalence par le fait que pendant ces années, les institutions d’Eglise n’étaient pas mixtes. Il n’y avait pas d’enfants de chœur de sexe féminin, les écoles de filles n’étaient dirigées par des prêtres, généralement les religieux masculins ne s’occupaient pas des filles. Ils avaient ainsi beaucoup moins d’occasions de maltraiter une fillette ou une adolescente. Les gens autour d’eux se méfiaient aussi davantage d’un prêtre qui rencontrait des filles que s’il allait avec des garçons.
A partir de son expérience de psychothérapeute, il a trouvé des prêtres qui avaient abusé d’une manière homosexuelle, mais qui ne se considéraient pas homosexuels au sens strict du terme, c’est-à-dire qu’ils n’étaient pas attirés exclusivement par des personnes du même sexe. «Je crois que beaucoup d’entre eux auraient pu vivre une vie plus dévouée si, dans la formation sacerdotale, une plus grande attention avait été portée à l’intégration de la sexualité et à la maturité de la sexualité en général. Parce que dans leurs relations familiales, dans la façon dont ils ont découvert leur sexualité à l’adolescence, ils étaient très limités dans leur expression, et dans la rencontre avec l’autre sexe. Ils avaient donc une peur exagérée des femmes.» (cath.ch/acip/mp)
Maurice Page
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