Dans sa décision du 17 octobre, la juge Luciene Bela Ferreira Allemand a reconnu que «la ville d’Aparecida est connue pour son sanctuaire marial et pour son vaste commerce religieux et touristique, qui alimente l’économie locale». Cette situation n’autorise cependant pas les pouvoirs publics à subventionner une quelconque religion, ni à employer les fonds publics pour la construction d’œuvres à caractère religieux. La magistrate a également décidé l’abrogation des surfaces concédées par la mairie pour l’exposition des œuvres et a ordonné de compenser, dans le budget municipal, les valeurs engagées par le maire de l’époque.
Cette décision de justice fait suite à une plainte déposée par l’Association brésilienne des athées et des agnostiques (Atea), qui revendique près de 20’000 membres à travers le pays. L’Atea avait en effet contesté, au nom du principe de laïcité de l’État, le financement par la municipalité d’Aparecida, à travers des budgets de l’État de Sao Paulo, de monuments destinés à célébrer, en 2017, les 300 ans de la découverte de l’image de la sainte patronne du Brésil. L’Atea se plaignait également que les œuvres aient été ou soient destinées à être implantées sur des espaces publics cédés par le maire de l’époque.
Outre l’enlèvement de cinq œuvres déjà existantes, la décision de justice concerne également une statue géante de Notre Dame d’Aparecida de l’artiste Gilmar Pinn. L’œuvre devait, selon ses promoteurs, dépasser les dimensions de la statue du Christ Rédempteur de Rio de Janeiro, le fameux «Corcovado», haute de 38 mètres. (cath.ch/jcg/mp)
De leur côté, les avocats de la municipalité ont assuré que les budgets alloués à cette opération étaient ceux attribués au tourisme, principale activité économique de la ville. Une activité exclusivement liée à la foi catholique. «Ce qui revient à dire que cet investissement est une question d’intérêt public destinée à valoriser le tourisme religieux, en tant qu’activité principale de la ville d’Aparecida et de sa population ».
La municipalité a indiqué qu’elle ferait appel de cette décision de justice, assurant que ces œuvres représentent l’identité de la ville. L’ex maire, Ernaldo Cesar a souligné qu’il avait toujours chercher à créer des nouveaux débouchés touristiques. Selon lui, ces efforts ont déjà eu des impacts positifs sur l’activité économique de la ville. Il a également souligné que cette politique bénéficiait à tous, puisque, parmi les commerçants et les hôteliers, se trouvent des catholiques, des évangéliques, des spirites, des umbandistes et même des athées, qui gagnent leur vie grâce au tourisme religieux.
Tourisme religieux en plein essor
D’après le Ministère du Tourisme brésilien, 17,7 millions de personnes se sont déplacées en 2017 pour des motifs religieux. Le seul sanctuaire marial d’Aparecida a été visité par plus 12 millions de personnes. Dans un pays qui compte près de 120 millions de catholiques, (pour environ 16 millions d’athées et agnostiques) selon le dernier recensement de l’Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE – 2010, le tourisme religieux est une activité en plein essor qui a généré, toujours en 2017, un chiffre d’affaire de 15 milliards de réais ( 3,55 milliards de francs).
Jean-Claude Gérez
Portail catholique suisse
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