Février 2013. La renonciation de Benoît XVI et l’élection de son successeur, le cardinal Jorge Bergoglio, ouvrent une nouvelle page de l’histoire de l’Eglise. Cet étonnant et inattendu passage de témoin sert de base au scénario d’un film de fiction, Les deux papes.
Un scénario écrit par l’auteur néo-zélandais Anthony McCarten. Netflix, la chaîne américaine spécialisée dans les films et les séries, a donc réuni à l’écran Anthony Hopkins (Le silence des agneaux) dans le rôle de Benoît XVI, et Jonathan Price (Game of Thrones) dans celui de François.
Le scénariste imagine la transition entre l’Allemand et l’Argentin en 2013. En 2012, l’archevêque de Buenos Aires Bergoglio avait demandé à Benoît XVI l’autorisation de se retirer en raison de la limite d’âge. A Rome, le pape fit patienter celui qui deviendra son successeur, le 13 mars 2013.
Pour Anthony McCarten, le pape Benoît songeait depuis 2005 au cardinal Bergoglio pour lui succéder. Seul ce dernier pouvait sortir l’Eglise catholique des ornières liées au choc des révélations sur la pédophilie et aux problèmes de gouvernance. Le film illustre le vent de fraîcheur amené par le nouveau pape au Vatican affaibli par les scandales.
Le passé des deux hommes rejaillit sur leurs attitudes respectives, estime McCarten. Ils ont été confrontés à des événements dramatiques – le nazisme pour Ratzinger et la dictature militaire pour Bergoglio. L’auteur n’hésite pas à spéculer sur les faits qui les ont marqués et qui les hantent encore. Benoît XVI aurait été préservé des troubles de l’Allemagne hitlérienne et de la Deuxième Guerre mondiale. Mais son épiscopat à Munich n’a pas été sans difficultés.
Du côté du cardinal Bergoglio, le pouvoir exercé par l’armée argentine entre 1976 et 1983 l’aurait amené à des arrangements qu’il regrettera par la suite. Mais son déplacement à Cordoba, au nord de l’Argentine, aurait représenté pour lui «un vrai chemin de Damas», explique Anthony Mc Carten dans le quotidien bernois Der Bund du 9 octobre 2019.
Habilement, Netflix a déjà commencé la promotion du film qui sera diffusé le 20 décembre 2019. Il annonce «une lutte entre la tradition et le progrès, la culpabilité et le pardon, et deux hommes très différents qui se confrontent à leur passé afin de trouver un terrain commun pour reconstruire l’avenir pour un milliard de fidèles à travers le monde». Le film ne craint pas de mettre en avant des ressorts sensationnels, pour séduire un public large.
Le scénario, «inspiré de vrais événements», est conçu comme un thriller. Il se fonde sur l’opposition de style entre les deux souverains pontifes: Benoît XVI est méditatif et doutant de lui-même, François, réformateur et prêt à prendre des risques. «Le côté noble du retrait de Benoît, a confié l’auteur au Bund, c’est qu’il voulait donner la possibilité de changement et de réformes». Sa démission est, pour Anthony McCarten, «une auto-compréhension faite de culpabilité, de complicité et d’impuissance». (cath.ch/bl)
Bernard Litzler
Portail catholique suisse
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