En Amazonie, le tourisme sexuel constitue une activité florissante, a alerté Marcia Oliveira, professeur à l’université de Manaus (Brésil). Comprises dans le «package touristique», les femmes sont livrées parfois très jeunes aux «prédateurs sexuels».
Trop longtemps, l’Église n’a pas «occupé» ces espaces de lutte contre la traite humaine, a déploré pour sa part Roselei Bertolodo. Tout en saluant les décisions du pape François en la matière, elle a appelé l’Église à «sortir du silence» et à jouer un rôle face à ce fléau. Ce synode, a-t-elle espéré, peut être l’occasion de prendre des «mesures concrètes» à l’échelle nationale comme internationale. Pour ce faire, l’Église peut selon elle intervenir notamment sur le terrain à travers son réseau d’écoles.
«On normalise ici ce qui relève du crime»
Marcia Oliveira
Enjeu mondial, la traite humaine touche de plein fouet la région panamazonienne en raison de la «permissivité» des gouvernements qui composent ce territoire, a en outre relevé Marcia Oliveira. «On normalise ici ce qui relève du crime», a-t-elle déclaré. Au Brésil, Roselei Bertolodo s’est ainsi indigné contre ces proxénètes condamnés qui échappent régulièrement à la prison, avec la complicité des gouvernements.
«Où sont les forces de l’ordre en charge d’ériger les règles dans cette région ?», s’est interrogée quant à elle l’économiste Marcella Corsi. Parce que la traite s’inscrit dans un «marché» mondial, l’Italienne appelle à remettre en question le «système libéral» nourrissant ce marché. Devenu un bien de consommation comme un autre, le corps répond ici à la logique de l’offre et de la demande. Seule une économie «différente» peut permettre de réduire ce fléau.
De par ses frontières poreuses, l’Amazonie est également plus «vulnérable» face à l’économie du sexe, ont noté les participantes. En effet, le phénomène de la traite va de pair avec l’augmentation du phénomène migratoire et sa féminisation en Amazonie. Afin de poursuivre leurs études ou de subvenir aux besoins de leur famille, ces femmes se déplacent bien souvent dans des grandes villes, avant de tomber dans la prostitution. Et ce, parfois même par le biais de leur famille d’accueil, a expliqué Roselei Bertolodo à I.Media.
Marcia Oliveira a évoqué ces nombreuses femmes autochtones immigrées en Europe et tombées dans des réseaux de prostitutions. Elles y sont considérées comme des «sous-citoyennes» et, privées de leurs papiers, elles demeurent «vulnérables».
Les participantes ont pointé du doigt la logique «patriarcale», encore très ancrée dans ces cultures. Dans ce contexte, l’éducation revêt une importance capitale pour en venir à bout et sortir les femmes de leur statut de victime. S’ajoute à cela la consommation de stupéfiants, qui rend le phénomène de la traite encore plus complexe et exige une prise en charge globale, ont-elles conclu. (cath.ch/I.Media/cg/cp)
Carole Pirker
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