«Nous sommes sortis d’une situation tendue et critique, au sens qu’elle appelait un discernement. Nous avons vécu des moments difficiles avec des questions profondes. Mais la continuité l’a emporté. C’est une croissance organique qui assume l’esprit du temps dans un ancrage local renforcé», a expliqué Fabrice Hadjadj à cath.ch, le 30 septembre 2019. «Le départ d’Eucharistein qui pouvait apparaître comme une signe de division a été finalement une redécouverte de l’unité de l’Eglise. J’y vois un signe de la Providence.»
La Fraternité Eucharistein a désormais quitté Philanthropos. Fabrice Hadjadj s’interroge encore: «Elle a déclaré que ce n’était pas son charisme. Mais pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour le découvrir?» Avant d’avancer son explication: «Ceux qui ont porté cette mission durant très longtemps ont été Nicolas et Marlène Carron. Comme couple de laïcs, ils ont su s’adapter aux besoins de l’Institut. A partir du moment où ils ont quitté la Fraternité, nous avons eu du mal à retrouver les ajustements nécessaires.»
Le ‘nouveau’ Philanthropos reste dans la continuité de l’intuition d’origine, mais il y a diverses nouveautés. La première est le changement de propriétaire puisque le site de l’Institut appartient désormais à une fondation du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Ce qui renforce les rapports avec le diocèse et l’évêque. Ce qui donne aussi une sécurité matérielle et financière pour les prochaines années.
«Avec le départ d’Eucharistein, nous avons dû repenser le pilier spirituel. Nous avons soumis le projet à l’évêque et écouté ses conseils. Un des enjeux était de montrer les divers visages de l’Eglise et les diverses spiritualités», relève Fabrice Hadjadj. C’est pourquoi Philanthropos a fait appel à divers ordres religieux présents à Fribourg. Les dominicains pour l’aspect doctrinal, les carmes pour l’école de prière, les cisterciens d’Hauterive pour la vie monastique et la tradition ignatienne avec une retraite au Ranft.
Le tout est coordonné par un prêtre diocésain, l’abbé Jacques Papaux, qui réside sur place durant la semaine. «Nous proposons ainsi une diversité dans la formation spirituelle. Nous voulons développer ce sens de la catholicité qui n’est pas uniformisante. J’ai été bouleversé par cet élan de générosité et de disponibilité des diverses communautés qui ont accepté de discuter ensemble autour de notre projet.»
Au niveau du recrutement, Philanthropos compte désormais un peu moins de Français et plus de personnes d’autres origines. Naguère l’Institut pouvait apparaître comme une ‘enclave’ française à Fribourg. «Je suis moi-même français, mais je réside ici avec ma famille et je suis amoureux de la Suisse dont j’admire le fonctionnement.» La volée de cette année compte 33 personnes dont des Espagnols, une Polonaise, une Hollandaise, des Belges et cinq Suisses dont deux Fribourgeois.
Pour son directeur, cette nouvelle donne doit permettre une inscription diocésaine renforcée et le signe d’un renouveau proprement suisse. «Je m’inscris dans la continuité des fondateurs et le génie ‘suisse’ de Philanthropos. Je souhaite que l’on puisse encore être mieux connu en Suisse notamment par la pastorale des jeunes ou le Centre catholique romand de formation en Eglise (CCRFE) avec lequel nous avons déjà des échanges et des synergies. Pour moi ce sont des signes positifs.» Cette approche est liée aussi à l’écologie telle que développée dans Laudato si. Fondamentalement il s’agit d’abord de s’appuyer sur les ressources locales.
Le Conseil de fondation s’est également reconstitué sous la présidence de Patrick Mayor qui est aussi président de la Corporation ecclésiastique cantonale fribourgeoise. «Il nous a apporté sa compétence et sa disponibilité. C’est encore un signe que Philanthropos assume son caractère helvétique.» (cath.ch/mp)
Maurice Page
Portail catholique suisse
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