Depuis plus de 500 ans les gardes suisses sont responsables de la sécurité du pape et du Vatican, mais ils sont aussi des représentants des valeurs suisses de sérieux, de fidélité, de conscience du devoir a relevé Jean-Pierre Roth. Le président de la Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde Suisse pontificale au Vatican, s’est exprimé au nom de l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, présidente du comité de patronage, excusée pour cause de maladie.
Aujourd’hui les 110 gardes sont contraints de vivre dans une caserne vétuste, inadaptée aux besoins des personnes et de la troupe. Humide, mal isolé, inconfortable et peu fonctionnel, le bâtiment du XIXe siècle ne correspond plus aux normes actuelles, a relevé son commandant Christoph Graf qui avait fait le déplacement de Soleure pour la circonstance.
Créée en 2016, la Fondation s’est ainsi donné pour but d’offrir aux gardes un cadre de vie adapté à leur mission. Une démarche d’autant plus nécessaire que l’effectif de la troupe devrait être porté 135 hommes au lieu de 110.
Dès les premières études de faisabilité, il est apparu qu’une rénovation n’était pas envisageable, a expliqué l’architecte Aldo Nolli. Le bureau Durisch et Nolli, de Massagno (TI), a donc conçu une reconstruction avec la même emprise au sol et le même volume. Il a fallu évidemment tenir compte des contraintes de protection du patrimoine, puisque la caserne se trouve en plein cœur de la cité du Vatican, a deux pas de la place Saint-Pierre. Il fallait aussi respecter les principes d’écologie et de durabilité développés par le pape François dans son encyclique Laudato Si.
Une caserne transparente, lumineuse et fonctionnelle
En résulte une architecture moderne épurée et fonctionnelle faisant une place importante à la transparence et à la lumière. Le bâtiment comptera six niveaux au lieu des trois étages actuels, ce qui offrira une surface utile largement supérieure. Outre le logement des gardes dans des chambres individuelles équipées de sanitaires, au lieu de dortoirs et de douches collectives à l’étage, la caserne disposera de tous les locaux utiles, cantines, salles de cours et de réunions, salle de sport, bibliothèque, lieux de détente, sans oublier les vestiaires, l’armurerie et les locaux de commandement. Elle comprendra aussi des logements où les gardes mariés pourront emménager avec leur famille.
L’argent proviendra majoritairement de Suisse
L’élaboration de l’avant-projet, dont le Vatican a financé la moitié, a débouché sur un coût estimatif de 55 millions de francs dont 5 pour une structure provisoire devant accueillir la garde pendant les travaux.
Le gouvernorat de la Cité du Vatican gère un patrimoine immobilier énorme, mais les charges d’entretien sont lourdes et les revenus faibles. Le Vatican ne pouvait pas envisager une telle dépense. L’argent devra donc parvenir majoritairement de Suisse, a expliqué Stephan Kuhn, responsable des finances.
Une construction achevée en 2026?
Pour parvenir à rassembler cette somme, le Conseil de fondation a requis les services de Mario Tonet. Ce spécialiste de la récolte de fonds a déjà travaillé pour la rénovation de la cathédrale de Coire et celle de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Avec chaque fois quelques millions à la clé. Si l’apport de la masse des petits donateurs n’est pas à négliger, Mario Tonet compte surtout sur les gros contributeurs, capables de donner entre 100’000 et 5 millions de francs. Pour cela, il préconise une méthode ‘à l’américaine’: éviter de se présenter en mendiant, proposer un projet concret et susciter chez le donateur la fierté de participer à une belle et grande œuvre. 55 millions représentent certes un gros morceau, mais il veut optimiste.
Si le projet se déroule comme prévu, les plans de construction devraient être finalisés et les autorisations obtenues jusqu’à fin 2021. La construction pourrait commencer en 2022 et s’achever en 2026. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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