Les religieuses de Fahr à Rome pour plus d'égalité dans l'Eglise

Par Barbara Ludwig, kath.ch/ traduction: Raphaël Zbinden

Les bénédictines Andrea Felder (78 ans) et Fidelis Schmid (86 ans), du couvent de Fahr (AG) participeront début octobre 2019 à Rome à la conférence de «Voices of Faith», qui revendique le droit de vote des femmes dans les synodes des évêques. Elles s’expriment sur leur engagement.

Cinq religieuses de la communauté de Fahr, près de Zurich, feront le voyage avec elles à Rome. Le 3 octobre, trois jours avant le début du Synode sur l’Amazonie, elles participeront à une rencontre internationale rassemblant des religieuses occupant un poste à responsabilité au sein de leur communauté. L’événement est organisé par la démarche internationale «Voices of Faith» (les voix de la foi). Cette initiative demande en particulier un droit de vote pour les religieuses dans les synodes des évêques. Son principal argument est que, lors des deux synodes précédents, l’état clérical n’a plus été un critère de droit de vote, celui-ci ayant été étendu aux baptisés non-ordonnés, néanmoins toujours masculins.

Un sujet pas inconnu à Fahr

La prieure de Fahr, Irene Gassmann, participera, lors de la rencontre, à une table ronde. Sœur Andrea Felder, qui a été l’adjointe de la prieure pendant sept ans et est entrée au monastère il y a 53 ans, la soutiendra sur place. Ainsi que sœur Fidelis Schmid, ancienne prieure, qui vit dans la communauté de la vallée de la Limmat depuis 1957.

Sœur Andrea souligne que les questions concernant la place des femmes dans l’Église, la possibilité de leur ordination, le célibat obligatoire pour les prêtres, et l’accès au sacerdoce pour les hommes mariés (viri probati) – qui touchent l’Eglise universelle- ont été vivement discutées à l’intérieur du couvent. Ceci déjà bien avant l’annonce de la conférence à Rome. «On parle de ces thématiques lors de nos activités de loisirs, quand on entend ce que dit tel ou tel homme d’Eglise sur tel ou tel sujet», confie la religieuse. Le livre «Les Femmes catholiques et le Concile Vatican II» (Katholikinnen und das Zweite Vatikanische Konzil, 2018) est actuellement lu lors des repas au monastère. Grâce à cela, les religieuses ont pu apprendre que beaucoup de femmes ont fait entendre leur voix lors de cet événement, remarque Sœur Andrea.

Ne pas mettre les hommes de côté

Elle-même est convaincue par l’objectif de la conférence de «Voices of Faith». «J’estime qu’il serait positif que les femmes aient le droit de vote dans les synodes des évêques. Elles ont parfois des points de vue complètement différents des hommes». Sœur Andrea est en faveur de réformes dans l’Église. «Il doit se passer quelque chose». Elle apprécie l’engagement de la prieure Irene Gassmann envers la place des femmes dans l’institution.

«Il faut montrer l’absurdité à tous ces ‘grands hommes’ à Rome»

«Je suis heureuse de participer à cette conférence, mais je ne vais pas à Rome pour manifester», tient à relever la religieuse de 78 ans. Car elle n’aime pas la façon dont certaines femmes demandent l’égalité dans l’Église. «C’est répugnant de voir des femmes manifester avec une mitre sur la tête «, affirme-t-elle. Elle fait allusion à la grève des femmes du 14 juin, où des femmes portant des mitres roses se sont mêlées aux grévistes. Elle déplore le fait que, lors de cet événement, les discussions se soient concentrées exclusivement sur les femmes, et que les hommes aient été mis de côté. «Au contraire, tout devrait être fait dans l’amour et la justice, dans l’échange. Hommes et femmes devraient se rencontrer».

Sœur Andrea, qui s’avoue d’un caractère réservé, n’aime pas être au premier plan. Elle se sent gênée par le fait qu’elle et ses consoeurs du couvent de Fahr soient «toujours sous les feux de la rampe». Il serait préférable, selon elle, que les monastères travaillent tous ensemble pour les droits des femmes dans l’église. Elle admet cependant que c’est difficile, en raison du vieillissement de la plupart des communautés.

Des religieuses ouvertes au changement

Sœur Fidelis Schmid n’a, elle, aucun problème avec l’attention publique que le voyage à Rome suscite. Le but de l’institution n’est pas de se mettre en avant, précise-t-elle. Il s’agit plutôt de montrer que: «oui nous sommes des religieuses. Nous sommes toujours en vie et nous sommes ouvertes au changement».

Dans le monde entier, les consacrés masculins se penchent activement sur les problèmes de l’Eglise. «Il est important que nous puissions également exprimer notre opinion sur ce qui pourrait et devrait changer dans l’Eglise». La rencontre de «Voices of Faith» en donne l’opportunité.

Les sept religieuses qui participeront à la conférence de «Voices of Faith» à Rome | © Susi Losenegger/Kloster Fahr

Sœur Fidelis Schmid a été prieure du couvent bénédictin de Fahr de 1988 à 2003. Elle est heureuse que la sœur qui lui a succédé, Irene Gassmann, participe à cette table ronde à Rome et que la communauté l’accompagne. «Le soutien de toute la communauté aura plus d’effet que si une seule représentante se rendait à Rome». Elle considère le non droit de vote des religieuses aux synodes des évêques comme une «grande lacune» et «un énorme défaut». Les religieux sont autorisés à voter uniquement parce qu’ils sont des hommes, indépendamment de leur niveau d’expertise, déplore-t-elle. Une règle dont il faut montrer l’absurdité à tous «ces grands hommes à Rome» – encore et encore, jusqu’à ce qu’ils s’en rendent compte, martèle Sœur Fidelis.

La joie de revoir Rome

Alors que Sœur Andrea aimerait que les choses se passent de la façon la plus conciliante, l’ancienne prieure sait que si les femmes ne font pas preuve d’opiniâtreté, rien ne se passera. Mais même si les deux moniales ne s’engagent pas de la même manière, leur voyage à Rome sera certainement pour les deux un moment très fort.

Il s’agira de leur second séjour dans le cœur battant de l’Eglise. Dans le cadre de la conférence, des visites guidées sont prévues. Sœur Fidelis est très heureuse de revoir Rome, avec ses nombreuses et belles églises, ainsi que les catacombes. Sœur Andrea attend également avec impatience son séjour dans cette ville et les «belles rencontres avec d’autres consacrées». Elle espère voir de près le pape à l’audience générale.

Les bénédictines de Fahr partiront pour Rome en bus le 30 septembre. Elles atteindront la ville après une halte près de Sienne le 1er octobre. Elles seront accompagnées par d’autres religieuses de Suisse, dont la dominicaine Ingrid Grave, et Sabine Lustenberger, supérieure du couvent des capucines de Sainte-Claire, à Stans (NW).

La conférence de «Voices of Faith» du 3 octobre peut être suivie à partir de 11h30 via Livestream, également au couvent de Fahr, qui invite à une projection publique de l’événement. (cath.ch/kath/bl/rz)

L’initiative «Voices of Faith» a été lancée par la juriste catholique du Liechtenstein Chantal Götz. Son objectif est, selon le site internet de la démarche, de mettre en contact les dirigeants du Vatican avec la communauté catholique mondiale, afin qu’ils puissent admettre que les femmes possèdent l’expertise, les compétences et les dons nécessaires pour jouer pleinement un rôle de leadership au sein de l’Eglise.avec la communauté catholique mondiale afin tact avec la communauté catholique mondiale afin qu’ils puissent admettre que les femmes possèdent l’expertise, les compétences et les dons nécessaires pour jouer pleinement un rôle de leadership au sein de l’Église. a pour objectif de mettre les dirigeants du Vatican en contact avec la communauté catholique mondiale afin qu’ils puissent admettre que les femmes possèdent l’expertise, les compétences et les dons nécessaires pour jouer pleinement un rôle de leadership au sein de l’Église.

Raphaël Zbinden

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