«Ma maman était très croyante et j’allais souvent avec elle sur la tombe de Marguerite Bays dans le cimetière de Siviriez. La figure de cette humble couturière m’a accompagné toute mon enfance… Après, j’ai suivi tout cela depuis un peu plus loin», relève René Gobet.
Le contremaître maçon, conseiller communal de Siviriez depuis 2001, est l’actuel syndic de la commune glânoise de 2’300 habitants, dont une partie de la population cultive le souvenir de cette «petite sainte des humbles».
René sera de la partie sur la Place Saint-Pierre à Rome le 13 octobre, pour la messe de canonisation de la sainte du hameau de La Pierra. Eliane Clerc, conseillère communale depuis janvier 2019, née à Villaraboud, un des villages de la commune, fera également le voyage. Responsable administrative au sein d’une institution publique fribourgeoise, Eliane dit, elle aussi, «avoir grandi avec Marguerite Bays».
«La chapelle de Notre-Dame du Bois est à 500 m de la maison familiale. Je viens aussi d’une famille très croyante, une famille de chanteurs», précise celle qui est présidente des Céciliennes de Romont et environs. «Marguerite fait partie de notre quotidien», assure la choriste du chœur paroissial, qui chante la messe «Réjouis-toi» en l’honneur de la Bienheureuse Marguerite Bays, de Jean-Marie Kolly, sur des textes de Raphaël Pasquier.
Si le syndic de Siviriez ne sait pas ce que la canonisation de Goton de La Pierra, comme elle était surnommée, signifie vraiment pour ses citoyens, notamment pour ceux qui viennent d’ailleurs, «dans le village son histoire est connue, tous les croyants en parlent».
«Cela devient plus difficile aujourd’hui au niveau des familles, mais il y a toujours des gens très croyants, qui perpétuent la dévotion à Marguerite Bays. Des bus de pèlerins arrivent dans le village, du canton de Vaud, du Valais, du Jura, parfois de Suisse alémanique. Eliane se dit surprise de voir qu’il y a peu de gens qui ne connaissent pas la nouvelle sainte: «Ils lisent les journaux… Même des personnes athées s’intéressent au phénomène !»
Et de relever que la médiatisation, ces derniers temps, de la reconnaissance du miracle de la petite Virginie qui a permis la canonisation de la bienheureuse, a beaucoup fait pour relancer l’intérêt du public. Virginie avait 22 mois, ce 6 mars 1998, quand elle est tombée du tracteur de Norbert Baudois, son grand-père, passant sous une des roues. Le grand-père, le bébé inerte dans les bras, invoque Marguerite Bays, et la petite s’en sort quasiment indemne…
«Virginie, qui travaille aujourd’hui comme esthéticienne à Bulle, suscite désormais l’intérêt des médias, mais durant toute son enfance et sa jeunesse, ses parents l’ont protégée et elle vivait comme tout le monde. Maintenant, elle accepte d’en parler, avec simplicité. Elle fait partie du village, participe comme tout le monde aux activités de la société de jeunesse».
Pour marquer la canonisation d’une figure du village, la commune de Siviriez va sans doute réfléchir à une démarche: baptiser une place ou une rue du nom de la sainte de La Pierra? – Rien n’a encore été décidé. Pour le moment, elle va terminer la liaison piétonne entre le village de Siviriez et le hameau de La Pierra, pour la sécurité des pèlerins qui vont certainement venir en plus grand nombre, la célébration de cet automne à Rome inscrivant, à l’ère d’internet, la commune glânoise sur la carte du monde, en tous cas sur celle des pèlerins.
A l’Auberge du Lion d’Or, au centre du village, Sylvianne Brodard, la patronne, est dans l’expectative. Des cars de pèlerins, des membres de la Vie Montante, des ecclésiastiques, s’arrêtent à l’occasion pour manger, «mais c’est encore trop tôt pour dire si cette canonisation aura des effets sur la fréquentation du restaurant, ce qu’évidemment nous souhaitons. Revenez donc l’année prochaine pour voir!»
Jacques Berset
Jacques Berset
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