Par Ibrahima Cisse, correspondant de cath.ch en Afrique
Ces actes de dévotion à Abuja, la capitale du Nigeria, ont été mis sur pied à l’initiative des organisations nationales interconfessionnelles et religieuses pour la paix (NIFROP), a rapporté le 10 septembre 2019 le quotidien nigérian Vanguard.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 190 millions d’habitants (chiffres de 2017), est régulièrement secoué, depuis près de deux décennies, par différentes formes de violences interethniques, interreligieuses et de terrorisme religieux, ponctuées d’enlèvements et d’attentats, souvent attribués au groupe terroriste islamique Boko Haram.
Ces violences ont fait plus de 10’000 morts depuis l’an 2000, selon les estimations des organisations humanitaires. Elles ont aussi provoqué l’exode intérieur de plus de 40 millions de personnes, selon le Centre de surveillance du déplacement interne (IDMC), dans un rapport publié à Genève, en mai 2019.
Les violences au Nigeria ont commencé de manière pressante, en l’an 2000, quand 11 des 12 Etats à majorité musulmane du Nord ont décidé successivement d’appliquer la charia, la loi islamique. Depuis, les troubles se sont multipliés, entraînant la résurgence du groupe radical islamique Boko Haram, de tendance salafiste, qui lutte pour l’islamisation du pays. Du Nord du pays, il multiplie ses attaques tant au Nigeria, que dans les pays voisins: Cameroun, Tchad et Niger, frappant sans discernement des cibles chrétiennes et musulmanes.
Au conflit religieux est venu s’ajouter, depuis 2017, des troubles entre agriculteurs et éleveurs peulhs dans les Etats centraux de Benue et de Taraba, qui ont pris des mesures contre le libre pâturage du bétail. Ce qui a déclenché la colère des éleveurs peulhs, qui, depuis lors, s’attaquent aussi bien aux chrétiens qu’aux musulmans des deux Etats. Ils ont fait plus de 6’000 victimes, dont une majorité de chrétiens. Certaines de ces victimes, surtout les femmes et les enfants, ont été tuées de manière atroce.
Toutes ces violences ont fait craindre à une guerre civile au Nigeria ou à une «extermination» des chrétiens dans certaines régions, suscitant ainsi l’inquiétude de la communauté internationale. C’est dans ce cadre que s’inscrit les 40 jours de jeûne et de prières des musulmans et chrétiens du pays.
Pour le président national de NIFROP, le Révérend Sunday Garuba, cette action a été «un grand succès». «Nous avons réussi à atteindre notre objectif qui est jeûner et prier 40 jours, pour demander à Dieu d’unir les Nigérians dans leur quête d’unité nationale», a-t-il notamment déclaré, selon le quotidien Vanguard.
Il a ajouté sur Facebook que des prières pour la «défaite de Boko Haram» et contre toutes les forces du mal qui encouragent et entretiennent l’effusion de sang et tourmente la quiétude des citoyens. (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
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