«C’était une journée magnifique», s’exclame à cath.ch l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal pour le canton de Genève. «Tous les participants étaient enchantés de pouvoir être accueillis à l’évêché de Fribourg. Pour la plupart d’entre eux, c’était une première!»
Le pèlerinage a attesté le lien qui perdure avec l’évêque de Fribourg – malgré une certaine distance géographique – ainsi que l’intention d’intensifier cette relation à l’avenir. La journée a débuté par l’accueil de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), sur le parvis de la cathédrale St. Nicolas de Fribourg, juste avant la célébration de la messe solennelle.
Ensuite, les pèlerins genevois ont été accueillis par la communauté germanophone à la paroisse Saint-Paul, dans le quartier du Schönberg. Il y ont partagé un repas convivial préparé pour l’occasion par un groupe de bénévoles.
L’après-midi a été dédié à une «relecture spirituelle» des vitraux et d’autres œuvres d’art qui enrichissent la cathédrale de Fribourg. «Mais le clou de la journée a été la visite de l’évêché, témoigne reconnaissant Pascal Desthieux. Ils se sont mis en quatre à l’évêché pour nous accueillir et nous faire visiter les lieux».
«Avec beaucoup d’humour, l’évêque Charles et ses collaborateurs nous ont ouvert les portes du trésor de l’évêché. Ils nous ont notamment montré de nombreux objets historiques en lien avec la vie ecclésiale du canton de Genève».
Parmi ceux-ci, la chasubles et les calices utilisés par les papes Paul VI et François lors de leurs visites à Genève ou encore les chaussures que portait Mgr François Charrière. «On aurait dit des Nike violettes», lance Pascal Desthieux, en souriant.
Au terme de la visite, les fidèles ont profité de goûter la nouvelle bière de l’évêque et recevoir des souvenirs de leur passage à Fribourg.
Le pèlerinage a été organisé à l’initiative du vicaire épiscopal genevois, afin de souligner de façon particulière «un événement marquant pour l’Église de Genève»: le rattachement de la ville et des communes avoisinantes au diocèse de Lausanne, survenu en septembre 1815.
Après la réflexion en 2016 sur la possible création d’un diocèse de Genève et la décision de classer – au moins pour l’instant – le projet, la journée a témoigné du fort lien existant avec l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.
«C’est vrai que nous sommes un peu loin de Fribourg, mais cette belle journée a été l’occasion de montrer que nous sommes heureux de faire partie du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg», a expliqué le vicaire épiscopal. «Et on se réjouit déjà d’accueillir à nouveau à Palexpo, en novembre, la session de formation continue de notre diocèse. Ce sera un autre moment marquant de notre appartenance à cette Église locale».
Le bicentenaire a aussi été l’occasion de réfléchir aux défis futurs que l’Église catholique doit affronter à Genève. «Les défis pour notre vicariat sont ceux que vit l’Église contemporaine dans sa tâche principale d’annoncer l’Évangile dans un monde qui bouge sans cesse», a illustré Pascal Desthieux.
«Un de nos défis spécifiques est lié notamment à l’augmentation démographique rapide que connaît la région genevoise. Même si la pratique est en baisse, avec l’augmentation de la population, aucune de nos paroisses n’est morte. Nous devons donc nous engager, afin que nos communautés ecclésiales soient davantage des vrais lieux d’accueil, de partage et d’accompagnement pour tous ces nouveaux habitants de notre canton», a conclu le vicaire épiscopal pour le canton de Genève.
Conférence publique sur le catholicisme genevois
Les manifestations pour célébrer le bicentenaire du rattachement de Genève à l’évêché de Lausanne se poursuivront le 20 septembre 2019, à 18h30, avec une conférence publique. Sous le titre «Le grand chamboulement du catholicisme genevois«, elle se déroulera à l’auditoire de la Faculté de théologie à Uni Bastions. Interviendront Paul-Bernard Hodel, dominicain et professeur d’histoire de l’Eglise à la Faculté de théologie de Fribourg, et Michel Grandjean, professeur d’histoire du christianisme à la Faculté de théologie de Genève. Tous deux donneront leur éclairage sur le sujet. Seraient également présent Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne-Genève-Fribourg, l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal, et André Castella, secrétaire général adjoint du département de la sécurité, de l’emploi et de la santé du canton de Genève. Evelyne Oberson modérera les débats.
Répères historiques sur le diocèse de Genève
Le diocèse de Genève a été fondé au IVe siècle, quand Genève acquiert la stature d’une civitas, c’est-à-dire une ville stratégique pour franchir le Rhône. Des fouilles archéologiques ont montré que vers 380, il y avait déjà un groupe épiscopal comprenant deux cathédrales, un baptistère et une résidence épiscopale. Le diocèse de Genève s’étirait durant le moyen-âge entre les lacs du Léman et du Bourget, de l’Aubonne jusqu’à Aix-les-Bains.
Après la Réforme, au XVIème siècle l’évêque quitta la ville pour Annecy. Saint François de Sales est le plus illustre des évêques de Genève en exil. Le diocèse de Genève continue d’exister comme tel jusqu’en 1801. Napoléon impose alors de nouveaux diocèses. Il fusionne les quatre diocèses de Chambéry, Genève, Maurienne et Tarentaise, ainsi qu’une partie du diocèse de Belley, pour former un nouveau diocèse de Chambéry et Genève, qui comprend les départements du Léman et du Mont-Blanc.
À la suite des défaites militaires de Napoléon, les Français se retirent de Suisse, au profit des Autrichiens qui laissent Genève choisir de rejoindre la Confédération Helvétique. Les autorités genevoises demandent ainsi de rattacher le nouveau canton suisse au diocèse de Lausanne.
Le 18 septembre 1819, le pape Pie VII fait part au Directoire fédéral du transfert de juridiction. Quelques années plus tard, le titre de Genève est détaché de Chambéry pour être attribué à l’évêque de Lausanne, et un nouveau diocèse d’Annecy est créé. Mais ce n’est qu’en 1924 que le titre de Fribourg, où l’évêque de Lausanne et Genève réside, sera ajouté. (cath.ch/ecrgenève/dp)
Davide Pesenti
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