Pendant huit jours, ce groupe conduit par le Père Hyacinthe Destivelle, official du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a ainsi écumé les hauts lieux de l’Eglise orthodoxe russe à l’occasion d’un programme d’échanges organisé pour la cinquième année consécutive.
Trois mois après la visite dans le même cadre de prêtres orthodoxes russes au Vatican, la dizaine de jeunes prêtres catholiques a donc pu vivre une immersion dans la liturgie de l’Eglise russe, véritable «porte d’entrée» de la spiritualité russe, comme le souligne le Père Destivelle. Le groupe s’est notamment déplacé au monastère de Novospassky sur la rivière Moscova, où les tsars et leur famille avaient l’habitude de se rendre, ou encore à la laure de Saint-Serge, à côté de Moscou.
A Saint-Pétersbourg, la délégation catholique a rejoint la laure d’Alexandre Nevsky, puis visité le cimetière attenant où reposent Tchaïkovsky et Dostoïevsky. Au monastère Saint-Jean-de-Cronstadt, ils ont pu découvrir le parcours de vie éloquent de ce saint orthodoxe contemporain, peut-être l’un des plus populaires de Russie.
Chacun de ces lieux, reconstruits récemment ou en cours de restauration, témoigne des épreuves passées mais aussi de l’essor que l’Eglise orthodoxe est maintenant en train de connaître. Bien loin des clichés, les catholiques ont par ailleurs pu constater systématiquement la vive fréquentation de ces églises par les fidèles. Ils ont encore été marqués par la jeunesse, la vivacité et la piété des prêtres orthodoxes. Après un accueil particulièrement chaleureux et une présentation approfondie des lieux visités, les membres ont chaque fois été invités à vivre une liturgie aux premières loges, devenant ainsi les témoins privilégiés de la richesse des chants et des prières orthodoxes.
La délégation de jeunes prêtres a par ailleurs eu l’occasion de s’entretenir avec le métropolite Hilarion, président du Département pour les relations extérieures du patriarcat qui lui a consacré près d’une heure de son temps. Au centre des échanges, figuraient la situation religieuse en Ukraine, mais aussi l’évangélisation. Le métropolite a également fait part de sa vision de l’unité dans une cinquantaine d’année. «Je veux voir l’Eglise comme elle est aujourd’hui», a-t-il déclaré avant de marquer un long silence.
Difficile pourtant d’imaginer l’Eglise identique dans cinquante ans tant elle a évolué ces cinq dernières années, à l’image de cet institut d’été né dans le contexte de la préparation de la rencontre historique entre le pape François et le patriarche de Moscou Cyrille, à Cuba en 2015. «Ce face-à-face inédit a fait beaucoup, il a montré l’exemple», estime le Père Destivelle. «On a vu une nette évolution entre la première visite d’étude en 2015 et celle qui a suivi Cuba en 2016 et au-delà», se réjouit-il.
Pour le Père Destivelle, la séparation des deux Eglises repose «pour une grande part sur la psychologie». La rencontre et la connaissance mutuelle sont donc essentielles pour faire tomber les préjugés. Il s’agit selon lui d’articuler les rapports avec l’Eglise russe sur trois axes de dialogue. En premier lieu, un dialogue de charité «indispensable» pour faire naître dans un second temps un dialogue de vérité théologique. Enfin, un dialogue de vie, souligne également le dominicain, s’avère favorable pour nouer des liens durables entre les deux Eglises.
Le «projet peut sembler modeste, mais c’est le seul régulier qui se passe tous les ans», entre le patriarcat de Moscou et le Saint-Siège, souligne le Père Destivelle. Une régularité particulièrement appréciée puisque déjà une centaine de prêtres, «vecteurs d’opinion dans l’Eglise», a fait l’expérience de ce voyage. C’est la raison pour laquelle le prêtre dominicain, cheville ouvrière du dialogue œcuménique au Vatican, espère voir cet institut se poursuivre à l’avenir. Pour lui, c’est bien «dans la longue durée que s’établit la confiance». (cath.ch/imedia/ah/rz)
Raphaël Zbinden
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