L’United Christian Forum, une organisation interconfessionnelle indienne qui défend les droits des minorités religieuses, a dénombré près de 160 actes de violence commis à l’encontre de chrétiens, durant le premier semestre de l’année. Le bilan fait état notamment de 110 femmes et 89 enfants blessés, rapporte l’agence vaticane Fides.
130 de ces agressions concernent des attaques ou des menaces provenant de groupes violents ayant agressé des fidèles réunis à l’église ou dans des salles de prière. «Cela signifie que pratiquer sa foi devient un motif d’insécurité sur 90% du territoire indien», indique l’organisation.
«Certains groupes et personnes nous accusent de faire du prosélytisme ou de vouloir convertir les autres. Ceci constitue une accusation totalement fausse», a déclaré Minakshi Singh, militant chrétien pour les droits fondamentaux. «Le droit à se rendre à l’église et à célébrer nos liturgies est l’un de nos droits reconnus par la Constitution. Certaines personnes veulent diviser l’Inde sur base religieuse. Cela n’est ni possible ni juste dans un pays démocratique», a ajouté le militant qui a organisé le rassemblement à New Delhi.
Sous le gouvernement du Premier Ministre, Narendra Modi (leader du parti pro-hindous, le Bharatiya Janata – BJP), les plaintes concernant des actes de violence à l’encontre de chrétiens ont vu leur nombre augmenter, indique le militant. Le climat d’intolérance, encouragé par la politique, s’est transformé en violence ouverte.
Les chrétiens «font face à une nouvelle vague de menaces de la part de groupes extrémistes depuis que le BJP a été confirmé au pouvoir en mai dernier».
«Nous combattons actuellement pour nos droits. Au mois de novembre, nous organiserons une grande manifestation contre la violence à caractère religieux. Le gouvernement fédéral doit bloquer ces accusations honteuses à l’encontre des chrétiens», a déclaré Himanshu Aggarwal, un autre des organisateurs de la manifestation.
Les participants à la manifestation ont également envoyé une lettre à Amit Shah, Ministre de l’Intérieur du gouvernement fédéral, attirant son attention sur les épisodes de persécutions envers les églises et les chrétiens dans tout le pays.
«Les chrétiens se sentent toujours moins en sécurité et leurs droits fondamentaux, y compris celui de choisir une église et de professer une foi de leur choix, sont foulés aux pieds jour après jour», peut-on lire dans la lettre. Il appartient au Ministre de l’Intérieur de protéger les chrétiens, ajoute le texte. (cath.ch/fidres/bh)
Des persécutions religieuses en augmentation
Dans son rapport de la Liberté religieuse publié en 2018, l’œuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en détresse (AED), des incidents à caractère confessionnel ou religieux surviennent en Inde au moment des élections. Par exemple, dans l’Uttar Pradesh, un Etat du nord du pays où le BJP est arrivé au pouvoir en 2017, il y a eu 96 attaques contre des chrétiens, à comparer aux 39 incidents qui ont eu lieu en 2016 lorsque le parti socialiste Samajwadi était au pouvoir.
Dans le Madhya Pradesh, un Etat géré depuis 15 ans par le BJP, 2017 a vu une augmentation de 54 % du nombre d’incidents (52) par rapport à 2016. Dans le Tamil Nadu, où il y a eu 48 incidents, l’augmentation a été de 60 %.
L’Inde n’a pas de religion d’Etat officielle et, selon la loi, les institutions publiques traitent toutes les religions de la même manière. Néanmoins, malgré cette réalité juridique, le poids relatif des différentes communautés religieuses qui constituent la population de l’Inde est une question politique extrêmement délicate. (bh)
Bernard Hallet
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