Au cours de ce 31e déplacement hors d’Italie du pontificat, le successeur de Pierre débutera par le Mozambique et Madagascar, deux pays respectivement classés 7e et 5e au classement des pays les plus pauvres du monde. Ainsi environ la moitié des Mozambicains vivent sous le seuil de pauvreté – moins d’1,90 dollar par jour – tandis qu’ils sont près des trois-quarts pour les Malgaches. En revanche, Maurice s’en sort nettement mieux, avec seulement’ 10% de sa population sous le seuil de pauvreté.
Comme l’expliquait récemment le Père Pedro Opeka, fondateur d’une œuvre que l’évêque de Rome visitera à Madagascar, ce déplacement devrait être l’occasion d’une parole papale «claire» contre pauvreté, la corruption et l’injustice sociale. Ces questions devraient notamment se retrouver dans les discours aux autorités, par exemple à Maurice, pays dont la présidente a démissionné en mars 2018 après des accusations de corruption. Si ces interventions sont toujours en des termes diplomatiques, le chef de l’Eglise catholique ne s’empêche généralement pas d’être transparent lorsqu’il évoque ces sujets.
D’autres événements du voyage seront également l’occasion pour le successeur de Pierre d’insister sur la dignité de tous. Notamment la visite à la maison Mateus 25, un centre pour les enfants des rues de Maputo, à l’hôpital gratuit de Zimpeto ou encore à la ›ville de l’amitié’ d’Akamasoa l’œuvre du Père Opeka. Cette structure vient en aide aux défavorisés à travers le travail et la responsabilisation personnelle, une approche en résonance avec les discours du pape argentin qui aime rappelé que le travail révèle la dignité de l’homme.
Si Maurice est plus épargnée par la pauvreté que le Mozambique et Madagascar, le sujet ne serait toutefois pas absent de la courte visite du primat d’Italie dans l’île. Celui-ci se rendra en effet sur la tombe du bienheureux Père Laval (1803-1864), «un homme infiniment respectueux de tous les Mauriciens, et surtout des plus modestes», selon les mots de Jean Paul II lors de sa visite à Maurice en 1989.
De manière subtile au moins, la préoccupation du pape François devant la pauvreté et l’exclusion devrait aussi être présente lors de la messe célébrée au monument Marie-Reine-de-la-Paix. En effet, une famille originaire des Chagos devrait apporter des offrandes lors de l’offertoire. Les habitants de cet archipel revendiqué par Maurice ont en effet tous été expulsés de leurs îles ancestrales par le gouvernement britannique dans les année 1960-1970 pour y construite une base militaire américaine.
Autre sujet incontournable du voyage : la paix. Ce mot se retrouve d’ailleurs dans le thème des déplacements dans chacun des trois pays. Au Mozambique, le mot ›paix’ se voit adjoindre la ›réconciliation’ et l’espérance’. La visite du pape François intervient en effet seulement un mois après la signature d’un accord de paix entre le gouvernement et l’ancienne rébellion. Cette issue met fin à près de vingt ans d’hostilités, période elle-même précédée d’une terrible guerre civile.
Plus à l’est, la gigantesque île de Madagascar n’est pas non plus épargnée par la violence. Le pays est en effet régulièrement pris dans des émeutes – grandement liée à la pauvreté omniprésente – souvent doublées de crises politiques. La dernière remonte à mai-juin 2018 et la démission du gouvernement sur fond de soupçons en vue de l’élection présidentielle. Celle-ci s’est toutefois déroulée correctement, suivie en mai dernier d’élections législatives.
Parallèlement à ce sujet de la paix, le dialogue interreligieux pourrait être une thématique abordée par le Souverain pontife pendant son déplacement. Alors que la situation se crispe au Mozambique avec des attentats islamistes dans le nord du pays, le chef de l’Eglise catholique préside le 5 septembre une rencontre interreligieuse avec des jeunes à Maputo.
Maurice pourrait pour sa part être montrée en exemple par le pape. Dans ce pays entre l’Afrique et l’Inde, se côtoient en effet des hindous (près de la moitié de la population), des catholiques (un quart) et des musulmans (un cinquième). Selon le Père Philippe Goupille, président du Conseil des religions de l’île, les croyants des différentes religions se réjouissent de la venue du successeur de Pierre.
Enfin, à quelques semaines du mois missionnaire extraordinaire, le devoir d’évangélisation de tout chrétien devrait être évoqué par le Souverain pontife, peut-être lors de ses rencontres avec les jeunes. Pour cela, il pourra s’appuyer sur l’exemple des deux bienheureux sur la tombe desquels il se recueillera – Victoire Rasoamanarivo et le Père Jacques-Désiré Laval – qui ont tous deux fait preuve d’un zèle apostolique extraordinaire. (cath.ch/imedia/xln/pp)
Pierre Pistoletti
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