Victoire Rasoamanarivo
Le 7 septembre, après s’être exprimé devant les évêques de Madagascar réunis dans la cathédrale de la capitale, le pape fera une halte sur la tombe de Victoire Rasoamanarivo (1848-1894), située dans une chapelle sur le parvis. Béatifiée en 1989 par Jean Paul II, cette Malgache est la première bienheureuse du pays.
Victoire Rasoamanarivo a grandi dans une famille aisée de la haute société. Baptisée à 15 ans, elle bénéficie de l’enseignement des missionnaires catholiques. Alors que le protestantisme devient la religion officielle de l’île en 1867, elle demeure farouchement attachée au catholicisme. Pour transmettre l’Evangile, elle s’implique avec une grande ferveur dans des œuvres de charité, quitte à s’opposer à sa propre famille, très liée à la famille royale.
En 1883, le premier conflit franco-malgache éclate et les missionnaires catholiques sont expulsés. C’est alors que le zèle apostolique de la jeune Victoire se révèle. Les églises fermant les unes après les autres, la jeune femme fait pression sur son beau-père, qui n’est autre que le Premier ministre, pour les rouvrir. Durant cette crise, elle est chargée d’animer l’Union catholique privée de ses prêtres et devient une figure de la vie pastorale de son pays. Au retour des missionnaires en 1886, ceux-ci sont stupéfaits de constater l’accroissement de la communauté.
Laïque engagée, Victoire Rasoamanarivo n’en oublie pas sa vie d’épouse. Mariée très jeune à un prince débauché, elle vivra un mariage crucifiant. Malgré cette épreuve, elle restera toute sa vie fidèle. A son beau-père qui cherche à la faire divorcer, elle offre une réponse à l’image de sa force de caractère. «Pourquoi vous tracasser inutilement? Ne savez-vous pas que Dieu nous a unis pour toujours? Je ne divorcerai jamais!», s’exclame-t-elle ainsi. Sa foi à déplacer des montagnes finit par convertir son mari sur son lit de mort.
Jacques-Désiré Laval
Après avoir vénéré cette bienheureuse, le pape François se recueillera le 9 septembre à Maurice sur la tombe d’un missionnaire tout aussi engagé: le bienheureux Père Jacques-Désiré Laval (1803-1864). Cette visite du pontife intervient précisément le jour de la fête du missionnaire, un événement rassemblant largement au-delà des fidèles catholiques. Son caveau est situé à Sainte-Croix, non loin de la capitale mauricienne.
Premier béatifié du pontificat de Jean Paul II, ce prêtre spiritain français débarque à Port-Louis en 1841, désireux de s’adonner à une vie missionnaire plus active. A la suite de l’abolition de l’esclavage, il a pour mission d’évangéliser les classes les plus pauvres, les esclaves affranchis mais aussi les prisonniers. Totalement dévoué à cette cause, il met en place une méthode missionnaire inédite en créant de petites chapelles en bois partout dans le pays.
Durant l’homélie de la messe de béatification du Père Laval en 1979, Jean Paul II avait insisté sur son étonnant «acharnement» à servir les plus pauvres, sa mission présentant pourtant des conditions «décourageantes». Derrière lui, soulignait le pape polonais, il laisse «une foule innombrable de convertis». Le secret de ce zèle missionnaire, le spiritain le puise en Jésus-Christ, avait encore assuré le pontife.
Malade durant la seconde partie de sa vie, le Père Jacques-Désiré Laval reste toute de même à Maurice se disant incapable de quitter «ses propres enfants». Au lendemain de sa mort, survenue le 9 septembre 1864, un flot de personnes de différentes religions se précipite pour lui rendre hommage. Depuis, une procession accompagne sa fête chaque 9 septembre. Celui qu’on appelle encore «l’apôtre des Noirs» est aujourd’hui vénéré de tous. (cath.ch/imedia/cg/rz)
Raphaël Zbinden
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