L’objectif de ce document de quatre pages est de donner une réponse en matière de politique religieuse aux défis qui accompagnent la diversité religieuse croissante qui caractérise le pays. Le Parti relève que le nombre de communautés religieuses non chrétiennes augmente en Suisse du fait des migrations. Avec cette Charte, le PEV lance une base de discussion concrète pour une coexistence pacifique entre les communautés religieuses en Suisse.
A moins de deux mois des élections fédérales du 20 octobre 2019 et à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou convictions, le Parti Evangélique Suisse a présenté sa vision de la coexistence religieuse.
L’influence des Eglises nationales s’amenuise, constate le PEV, tandis que de nombreuses Eglises libres connaissent une croissance significative. En même temps, le nombre de communautés religieuses non chrétiennes augmente, ce qui suscite un sentiment d’insécurité, un scepticisme et des craintes au sein de la population.
Marianne Streiff, présidente du PEV, explique pourquoi cette Charte a été élaborée: «Il est nécessaire d’avoir des lignes de conduite pour la cohabitation des différents groupes religieux, afin de permettre un dialogue d’égal à égal et d’assurer une coexistence et une collaboration pacifiques dans une société pluraliste».
«La Charte donne la possibilité aux communautés religieuses de se reconnaître publiquement dans les valeurs de notre société et dans notre système juridique, et de susciter ainsi l’acceptation et la confiance». C’est là, souligne Marianne Streiff, une des intentions de la Charte des communautés religieuses.
Par leur signature, les communautés religieuses pourraient ainsi témoigner qu’elles sont disposées à s’intégrer activement dans la société. «Mais en même temps, la Charte peut aussi contribuer à mettre en évidence les communautés qui ne souhaitent justement pas s’intégrer dans notre société, parce que leur conception du monde n’est pas compatible avec nos principes de cohabitation», complète la députée cantonale de Bâle-Campagne Andrea Heger.
La dignité humaine est la base de départ de la Charte. Celle-ci se concentre sur les droits et les obligations qui sont associés à la liberté religieuse. Tous les droits vont de pair avec l’obligation de les accepter aussi pour autrui.
«La Charte a donc également un effet préventif, dans le sens où les communautés religieuses s’engagent d’une part à donner la priorité au dialogue comme approche pour résoudre les conflits, et d’autre part à s’opposer aux appels à la haine», a expliqué Marc Jost, député au Grand Conseil bernois.
Contrairement à beaucoup d’autres documents du même genre, la Charte permet et reconnaît la diversité des communautés – également au sein d’une confession. Elle attache ainsi de l’importance au dialogue intra religieux, et pas seulement au dialogue interreligieux. Le seul critère pour adhérer à la Charte est d’être disposé à s’engager à respecter ses principes directeurs.
La Charte thématise aussi les questions de pouvoir ou la prise en charge professionnelle des personnes dans le besoin, par exemple dans l’aumônerie, ainsi que l’aspect de la transparence dans la direction et les finances.
«La Charte est une prestation politique pionnière qui promeut une approche pragmatique et détendue de la question religieuse dans le pays», selon l’expert des religions Matthias Inniger, à Berne.
Pour le PEV, la prochaine étape consistera à remettre le projet de Charte présenté le 22 août à une association ou à un groupe d’experts à désigner, qui rassemble des personnes représentant différentes religions et communautés religieuses. Ce groupe devra discuter de la Charte, la développer et en être dépositaire à l’avenir. (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
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