Devant la majesté et la solennité de la basilique Saint-Pierre, le visiteur est loin de se douter que parmi les dorures, les statues baroques et les mosaïques gigantesques se cachent, de-ci, de-là, quelques anecdotes amusantes. Ces clins d’œil d’artistes demandent un peu d’attention pour arriver à les déceler et prêtent à sourire.
En se dirigeant sur l’aile droite de la basilique, au niveau de l’abside, le visiteur trouve un monument, dédié à Clément XIII (1758-1769) et réalisé par Antonio Canova (1784-1762). Ce dernier n’a pas hésité à laisser dans cette œuvre, une de ses plus réussies, représentant le pape à genoux avec une femme «junonique» (majesteuse), allégorie de la religion, et deux lions, un hommage à l’un de ses assistants.
Ce dernier se nommant «éléphant», Canova a donné à l’arrière-train d’un de ses lions des formes qui ressemblent à la face d’un pachyderme. Trompe, défenses et oreilles: subtilement, tout y est… si l’on a toutefois de l’imagination !
Plus encore, une reproduction de crotte-de-nez est même cachée dans une des narines du lion: aux plus téméraires d’aller vérifier l’anecdote ! Boutade ou véritable clin d’œil ? Son origine reste mystérieuse.
En termes de clins d’œil cachés, le Bernin n’est pas en reste. Le célèbre auteur de l’immense baldaquin qui surplombe l’autel principal a laissé dans une de ses colonnes (celle à gauche la plus près de la chaire de saint Pierre) son chapelet, difficile à distinguer tant il se confond avec le reste du pilier.
D’ailleurs, autre allusion qu’un touriste pressé ne saurait voir: au pied des colonnes du baldaquin se cachent des visages de femmes dans des écus en marbre. Chacun d’entre eux représente une des phases de l’accouchement et le dernier présente celui d’un nouveau-né tout potelé. Ils symbolisent ainsi la maternité de l’Eglise, Mère de tous les fidèles et de toutes les églises.
Fait peu connu aussi, la Pietà, placée dans une chapelle au fond de la basilique, est une des rares statues de Michel-Ange qui soit signée. Son jeune auteur y a laissé un monogramme. Les lignes dans la paume de la main de la vierge laissent en effet apparaître un ‘M’.
En se dirigeant dans l’aile gauche de la basilique, le pèlerin ne peut manquer de contempler l’imposant mausolée dédié à Alexandre VII, pape de 1655 à 1667. Une allégorie de la vérité y est sculptée. Le visiteur attentif remarquera même que le pied de la femme-allégorie, posé sur le globe terrestre, écrase un pays bien particulier: l’Angleterre.
L’allusion est claire. L’Angleterre, en choisissant l’anglicanisme, sombre dans l’erreur. L’artiste visait peut-être aussi le pape de l’époque qui, malgré ses efforts, n’est pas parvenu à maintenir le pays insulaire sous l’égide catholique.
Quelques chiffres concernant la basilique ne sont pas souvent dits. Elle compte pourtant pas moins de 233 fenêtres et 46 autels et peut accueillir 60’000 personnes. Sa nef mesure 218 mètres de long et peut contenir à peu près toutes les cathédrales du monde. Dans l’allée centrale, des repères ont été placés et permettent de se rendre compte de la taille des autres édifices religieux… et par conséquent du gigantisme de Saint-Pierre. (cath.ch/imedia/cb/be)
Jacques Berset
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