Mercredi 24 juillet, une cinquantaine d’orpailleurs clandestins lourdement armés ont pénétré dans la réserve indigène reculée du peuple Waiãpi, d’une superficie de 6000 kilomètres carrés et peuplée d’environ 1300 âmes, située dans l’État amazonien d’Amapa, au nord du Brésil et homologuée par l’État depuis 1996. Les «garimpeiros» (le nom donné aux orpailleurs au Brésil) ont été vus le lendemain occupant la «aldéia» (village) de Mariry.
Apeurée, la population indigène a fui. Le samedi 27 juillet, certains d’entre eux ont pu prévenir la Police Fédérale, après avoir retrouvé le corps criblé de coups de couteau d’Emyra Waiãpi, le cacique de 68 ans. La Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI), l’organisme officiellement chargé de faire respecter les droits des peuples indigènes du Brésil, notamment en ce qui concerne les terres homologuées, a confirmé la mort du leader communautaire.
Dans un communiqué publié dimanche 28 juillet, le Conseil indigéniste Missionnaire (CIMI) a exprimé son immense préoccupation à propos de ces faits et s’en est pris nominativement au chef de l’État brésilien. «Les discours de haine et d’agression du président Jair Bolsonaro et de plusieurs autres représentants du gouvernement servent de combustible et incite à l’invasion des terres et aux actions violentes contre les peuples indigènes de notre pays», condamnent les signataires du communiqué.
«On doit pouvoir exploiter le minerai s’il y en sur sa terre». Jair Bolsonaro
Et le Conseil Indigéniste Missionnaire de poursuivre: «nous attendons que les organismes et autorités publiques prennent des mesures urgentes pour identifier et punir, dans le cadre de la loi, les responsables de l’attaque des indiens Waiãpi. Nous espérons aussi que le gouvernement Bolsonaro adopte des mesures importantes de combat contre l’invasion et l’occupation des terres indigènes dans le pays».
En conclusion, le CIMI «exige que le Président Bolsonaro respecte la Constitution brésilienne et cesse immédiatement de faire des discours empreints de préjugés, racistes et attentatoires aux peuples natifs et à leurs droits dans le pays. Respectez les peuples indigènes, président Bolsonaro!»
Interrogé lundi matin sur ce fait divers par la chaîne Globo, le président Jair Bolsonaro a déclaré que, d’après les informations qu’il possédait, «il n’y a aucun indice fort que le cacique ait été assassiné» par les orpailleurs qui se sont introduits sur les terres indigènes. Interpellé sur le caractère illégal de l’invasion des terres indigènes, le président brésilien en a profité pour évoquer son intention de légaliser l’exploitation minière dans le pays, y compris sur les terres indigènes.
«Mon intention est claire: je veux légaliser et règlementer la profession d’orpailleur, y compris pour les indiens. On doit pouvoir exploiter le minerai s’il y en sur sa terre». Le président brésilien a assuré, sans pour autant les nommer, que «des ONGs étrangères et d’autres pays sont opposé à ce projet de légalisation, parce qu’ils veulent voir l’indigène rester «prisonnier dans un jardin zoologique, comme s’il était un animal préhistorique».
Alors que les invasions de terres indigènes se multiplient depuis l’élection, en janvier dernier, de Jair Bolsonaro à la tête du pays, ce dernier a reformulé, vendredi 26 juillet devant des journalistes ses critiques concernant les réserves de terres attribuées aux communautés indigènes. Il s’est surtout dit de nouveau «favorable à l’exploitation minière, y compris dans des sanctuaires écologiques».
Évoquant notamment la réserve indigène Ianomami, particulièrement convoitée pour son sous-sol, Jair Bolsonaro, a déclaré: «C’est une terre richissime. Si l’on rajoute celle de Raposa Serra do Sol (n.d.l.r deux réserves indigènes frontalières avec le Venezuela), c’est incroyable tous les minerais que nous avons là. Je suis à la recherche, dans le ‘premier monde’, d’investisseurs pour exploiter ces zones dans le cadre de partenariats et en retirer de la valeur ajoutée. D’où mon rapprochement avec les Etats-Unis. C’est pour cela que je veux une personne de confiance à l’ambassade du Brésil aux Etats-Unis». Une personne qui pourrait fort être Eduardo… Bolsonaro, l’un de ses fils, actuellement député fédéral et présenté par son père comme le «candidat idéal»! (cath.ch/jcg/pp)
Rédaction
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