Dans un texte bref introduisant l’ouvrage du Père Aldo Buonaiuto, de la communauté Jean XXIII qui vient en aide aux victimes de la prostitution, le pape affirme que toute forme de prostitution équivaut à de l’esclavage. «Il faut une prise de conscience individuelle et collective, comme Eglise également, pour aider vraiment nos sœurs malchanceuses et pour empêcher que l’injustice du monde ne retombe sur les créatures plus fragiles et sans défense», écrit-il.
Sans arrêter la forte demande des clients, il ne sera pas possible de lutter efficacement contre la prostitution, souligne le pape François dans la préface de l’ouvrage publié le 29 juillet 2019.
En août 2016, l’évêque de Rome avait rendu visite à la communauté Jean XXIII, à Rome. «Je ne pensais pas trouver là des femmes humiliées de la sorte… Des femmes vraiment crucifiées», explique-t-il dans cette préface. En pénétrant cette maison, «j’ai respiré toute la douleur, l’injustice et l’effet de l’oppression», poursuit-il.
Après avoir écouté les histoires de ces femmes, le pape leur avait demandé pardon au nom de tous les clients, dont beaucoup se disent pourtant chrétiens, déplore-t-il.
«Une personne ne peut jamais être mise en vente», déclare ainsi le pontife dans ce texte. La mentalité visant à traiter une femme comme une «marchandise à utiliser puis à jeter» relève de la pathologie, selon lui.
Ce fléau constitue ainsi «une blessure à la conscience collective» et «une maladie de l’humanité». Il s’agit pour lui d’un vice «répugnant» qui «confond l’acte d’amour avec le défoulement des instincts».
C’est pourquoi le pontife espère voir ce livre largement diffusé dans le but de contribuer à réduire à néant la demande des clients. Sans cela, il ne sera pas possible de lutter efficacement contre la prostitution, considère-t-il.
C’est pourquoi le pape argentin appelle à une prise de conscience individuelle et collective pour aider ces femmes, notamment à travers l’Eglise. Leur libération demeure un devoir pour tous les hommes de bonne volonté et leur cri de douleur ne peut laisser les institutions et les individus indifférents, écrit encore l’évêque de Rome. Personne ne devrait ainsi «se laver les mains du sang innocent versé dans les rues du monde», martèle-t-il.
La publication de cet ouvrage intervient la veille de la «Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite humaine», organisée par les Nations Unies, le 30 juillet. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 21 millions de personnes seraient victimes de travail forcé, l’exploitation sexuelle en faisant partie. Le phénomène de la traite humaine touche tous les pays et concerne – pour 71% – des femmes et des filles. Au total, un tiers des victimes sont des mineurs. (cath.ch/imedia/cg/be)
Jacques Berset
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