Les photos des religieuses et des religieux en habit, arrêtés et menottés par des policiers ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Jeudi 18 juillet, à Washington, près de 20’000 catholiques ont manifesté en faveur des enfants de migrants. 70 laïcs, prêtres, religieux et religieuses sont même entrés dans le bâtiment du Sénat pour y former une «croix humaine». Chacun brandissait une pancarte montrant le visage et le nom de l’un des enfants décédés dans des camps d’internement en raison du durcissement des mesures contre l’immigration illégale prises par l’administration Trump. Rapidement, la police est intervenue pour arrêter et escorter à l’extérieur les manifestants.
Joseph Nangle, un frère franciscain américain, faisait partie de ces 70 personnes. Appartenant à l’Ordre des Frères Mineurs (OFM), cet octogénaire a servi comme missionnaire pendant quinze ans en Bolivie et au Pérou. Il a également été co-directeur du Service Missionnaire Franciscain pendant une douzaine d’années. Lors d’une conférence de presse relayée par le site franciscain espagnol pazybien.es, le religieux est revenu sur les raisons d’une telle mobilisation.
«Nous souffrons d’un durcissement du cœur qui menace la vie»
Joseph Nangle a d’abord tenu à rappeler que les franciscains et les franciscaines s’efforçaient de promouvoir sur l’ensemble du pays «la culture de la rencontre et de l’intégration sociale des migrants. «Partout dans le pays, notre travail pastoral constitue souvent une lumière et un espoir pour nos frères et sœurs d’Amérique latine. (..) Je crois que chacun des franciscains perçoit le rôle crucial que nous avons auprès des migrants pour qu’ils puissent vivre en paix dans notre pays». Le frère Joseph Nangle a d’ailleurs rappelé que «la mobilisation et le soutien des franciscains de tous les pays était fondamentaux».
Invité à faire passer un message aux catholiques des Etats-Unis et du reste du monde qui appuient la politique migratoire de Dolnald Trump, le frère franciscain n’a pas mâché ses mots. «La collaboration et l’appui à l’horreur du «trumpisme» par nos frères et soeurs catholiques est une tragédie, un scandale, quelque chose d’incroyable, a-t-il insisté. C’est pour cela que l’exemple franciscain contre tout cela est essentiel. Nous nous trouvons au coeur, des paroles et des actions de Jésus «malheur à vous, pharisiens!».
Interrogé sur la possibilité de renouveler des manifestations et actions comme celle du 18 juillet, Frère Joseph Nangle a estimé que «de telles actions pouvaient et même devaient être répétés constamment, en particulier par les catholiques nord-américains. J’appellerais mes frères et sœurs franciscaines à faire partie de qui pourrait être un grand mouvement pour la justice des «petits». Il me semble que ce mouvement pourrait promouvoir un nécessaire renouvellement et revitalisation de la communauté franciscaine de notre pays».
Le frère franciscain a également tenu à définir ce qu’il appelle le «péché national originel»: «Malgré les grandes phrases sur la liberté et l’indépendance, la déclaration fondatrice du pays a été tourmentée par le racisme et la misogynie. Écrite par de nombreux propriétaires d’esclaves et excluant les femmes de droit de commenter la vie publique du pays, ce document contient une grande insulte aux américains originaux».
Plus de deux siècles après la Déclaration d’Indépendance de 1776, le frère franciscain souligne que «nous pensions avoir commencé à surmonter ce péché originel. «L’esclavagisme a été officiellement aboli. Les femmes ont obtenu le droit de vote au début du XXème siècle, et le mouvement des années 1960 pour les droits civils a abordé les injustices persistantes à l’égard des afro-américains». Pourtant, regrette Joseph Nangle, aujourd’hui, Donald Trump nous entraîne de nouveau vers ces temps sombres, avec un mélange de peur irrationnelle, de haine des personnes qui ne sont pas comme lui et de pure cruauté».
«Et ce qui est presque pire, conclue le franciscain, c’est que ceux qui se disent chrétiens, appuient, applaudissent et permettent cette nouvelle chute vers une nouvelle ère de ténèbres». «Aujourd’hui, conclut-il, nous faisons nôtres les paroles de l’évêque catholique de El Paso, Mgr Mark Seitz, lorsque, face aux horreurs qui surviennent quotidiennement entre sa ville et Ciudad Juárez, au Mexique, il affirmait: «Ce gouvernement et cette société ne vont pas bien. Nous souffrons d’un durcissement du cœur qui menace la vie». (cath.ch/jcg/pp)
Rédaction
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