Les moines de l’abbaye Notre-Dame du Sacré-Cœur de Westmalle ont commencé à brasser une bière de table simple en 1856. Plus tard, avec l’augmentation de la demande, ils ont également développé une bière foncée, brassée avec le double de matières premières. C’est de là que vient l’appellation ›double’.
Trois sortes de bières sont brassées au sein des murs de l’abbaye de Westmalle: la Westmalle Tripel, la Westmalle Dubbel et la Westmalle Extra. Cette dernière n’est brassée que deux fois par an et est destinée à la consommation interne à l’abbaye. Les moines et leurs hôtes la boivent au repas de midi.
Comme dans d’autres abbayes trappistes (*), la production de bière était destinée uniquement aux moines, afin de compenser leur régime alimentaire ascétique. Le breuvage est finalement vendu aux consommateurs extérieurs. D’abord à l’abbaye de Westmalle même à partir de 1856, puis elle sera distribuée plus largement à partir de 1934, suite à la construction de la nouvelle brasserie. Dès les débuts, les bénéfices issus de ces ventes permettent notamment de venir en aide aux plus nécessiteux de la région.
Une bière trappiste est différente d’une bière d’abbaye. ›Trappiste’ est une indication d’origine protégée pour des bières qui respectent divers critères. Le respect de ces critères est contrôlé par l’Association Trappiste Internationale. Si les conditions sont respectées, la bière est reconnue comme bière trappiste, et la bouteille peut arborer le logo hexagonal ATP (Authentic Trappist Product).
Ainsi, la brasserie ne doit pas avoir pour but de faire du bénéfice. Si les revenus doivent contribuer à assurer la subsistance des moines et l’entretien du site de l’abbaye, une partie des bénéfices doit être consacrée à des œuvres caritatives, à des œuvres sociales et à des personnes dans le besoin. Ainsi l’abbaye de Westmalle reverse une partie des bénéfices de sa brasserie à des associations qui luttent contre la pauvreté en Belgique ou travaillent à améliorer les conditions de vie dans des bidonvilles du tiers-monde.
De plus, la bière doit être brassée au sein des murs de l’abbaye trappiste, par ou sous le contrôle des moines. La brasserie doit dépendre de l’abbaye et faire preuve d’une culture d’entreprise – la philosophie de la brasserie – qui doit cadrer avec le projet monastique.
C’est en 1997, pour faire face à de nombreux abus, que sort le logo «Authentic Trappist Product» pour garantir l’authenticité des bières trappistes. L’un des trois critères mentionne notamment cette condition de l’usage des fonds.
Trappistes : une vie pleine de simplicité
Les trappistes et trappistines mènent une vie sobre au sein de leurs abbayes, dans laquelle la prière et le travail occupent une place centrale: ora et labora. Ils gèrent ou confectionnent des articles artisanaux dans l’environnement immédiat du monastère. Ils assurent leur propre subsistance et soutiennent des projets de développement et des œuvres de solidarité. JB
(*) L’Association internationale trappiste regroupe quatorze abbayes qui vendent leur propre bière. En Belgique: Orval, produite par l’abbaye d’Orval; Achel, brassée par l’abbaye Notre-Dame de Saint-Benoît d’Achel; Chimay, produite à l’Abbaye de Scourmont; Rochefort, bière de haute fermentation brassée par l’abbaye Notre-Dame de Saint-Remy; Westmalle, produite par l’abbaye Notre-Dame du Sacré-Cœur à Westmalle; Westvleteren, brassée par l’abbaye de Saint-Sixte à Westvleteren. En France: Mont des Cats, produite par l’abbaye du même nom dans la Flandre française. Aux Pays-Bas: La Trappe, produite par l’abbaye Notre-Dame de Koningshoeven; Zundert, produite dans la brasserie de l’abbaye Notre-Dame-du-Refuge. Autriche: Stift Engelszell, bière trappiste de l’abbaye d’Engelszell. Etats-Unis: Spencer Trappist, brassée à l’abbaye Saint-Joseph. Italie: Tre Fontane, produite dans la brasserie de l’abbaye de Tre Fontane. Espagne: Cardeña, la bière trappiste de l’abbaye de San Pedro de Cardeña. Angleterre: Mount St. Bernard, la bière trappiste de l’abbaye du Mont Saint-Bernard. (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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