L’imam Abubakar Abdullahi, du Nigeria, et l’avocat Mohamed Yosaif Abdalrahan, du Soudan, ont reçu leurs distinctions honorifiques aux côtés trois autres personnalités religieuses de Chypre, du Brésil et d’Irak. Le Secrétaire d’Etat Michael R. Pompeo, leur a personnellement remis leurs titres, à l’occasion de l’édition 2019 du Prix international des libertés religieuses (International Religious Freedom Awards), qui s’est tenu au siège de son administration à Washington, a rapporté le site du gouvernement américain.
L’imam Abubakar Abdullahi, 83 ans, a risqué sa vie pour sauver 262 chrétiens, selon le Département d’Etat. Sans son intervention, ils auraient probablement été tués, le 23 juin 2018, par des bergers de l’ethnie Fulani, à majorité musulmane. Ils avaient lancé des attaques coordonnées sur 10 villages de BarkinLadi, dans l’Etat du Plateau, tuant des centaines de fermiers de l’ethnie Berom, pour la plupart chrétienne.
L’imam Abdullahi qui dirigeait ses fidèles pour la prière de midi, l’une des cinq prières quotidiennes des musulmans, a entendu des coups de feu, à la fin de l’office. Quand il est sorti avec ses fidèles, ils ont vu les chrétiens de la ville s’enfuir. Il leur a immédiatement ouvert les portes de la mosquée et de son domicile, situé à côté. Il est ensuite sorti pour affronter les hommes armés, refusant de les laisser entrer dans les lieux. Les suppliant d’épargner les chrétiens à l’intérieur, il a même proposé de sacrifier sa vie pour préserver celle des chrétiens.
Bien que les hommes armés aient tué 84 personnes dans le village de Nghar, ce jour-là, le geste de l’imam Abdullahi a sauvé la vie de centaines d’autres.
Pour le Département d’Etat américain, son courage face au danger «imminent» et l’histoire de ses relations sociales avec les chrétiens, malgré la cohabitation difficile entre musulmans et chrétiens au Nigeria, témoignent de «son engagement sans faille», dans la promotion de «la compréhension et de la paix» entre les religions.
Né dans l’Etat de Bauchi vers 1936, l’imam vit à Nghar depuis 60 ans, où il dirige la communauté musulmane locale à travers sa mosquée, construite sur un terrain fourni par les chrétiens du village, il y a 40 ans. Selon la BBC, l’imam avait auparavant reçu une «poignée de main et un honneur national» du président nigérian, Muhamadu Buhari.
Quant au soudanais Mohamed Yosaif, avocat spécialiste des droits de l’homme, fondateur d’une organisation de défense des droits humains dans son pays – Initiative soudanaise des droits de l’homme (SHRI) –, il a œuvré «sans relâche» pour défendre les droits des minorités religieuses soudanaises, tant sur le plan juridique que par le biais d’une sensibilisation du public.
Au SHRI, il dirige et développe des campagnes de plaidoyer pour renforcer les protections juridiques des communautés religieuses minoritaires, et mettre fin aux confiscations de biens du gouvernement, qui visent les minorités religieuses. Il a organisé des sessions de formation sur les droits de l’homme et le journalisme, les droits des femmes et la sensibilisation aux droits des jeunes citoyens.
Dans le cadre de sa pratique juridique, il a défendu des chefs de minorités religieuses qui devaient être arrêtés pour de fausses accusations, à cause de l’ingérence du gouvernement dans leurs activités. Membre de la majorité musulmane soudanaise, Mohamed Yosaïf est devenu un allié de confiance des minorités religieuses du Soudan. Il les a aidées à mieux connaitre le système judiciaire complexe du pays, mettant à leur service, ses connaissances techniques approfondies en droit international des droits humains et en droit constitutionnel soudanais.
Il s’est aussi illustré par son dévouement sans faille, en se basant toujours sur la loi. La défense sans faille de Mohamed contre les minorités religieuses au Soudan témoigne de son travail de véritable défenseur de la liberté de religion. (cath.ch/com/ibc/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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