Erythrée: les hôpitaux catholiques fermés par le gouvernement

En juillet 2019, les 29 établissements de santé de l’Eglise catholique en Erythrée ont été fermés par le gouvernement. Le Père Mussie Zerai, de l’éparchie d’Asmara, la capitale, dénonce une décision dramatique pour la population.

«Dans le domaine de la santé, la qualité du service offert par nos structures était considérée par le gouvernement lui-même comme une excellence du pays», relève le Père Zerai à l’agence d’information vatican Fides. Au total, 29 établissements sanitaires catholiques ont dû fermer leurs portes. «Déjà en 2018, huit hôpitaux avaient été fermés sans motivations plausibles», indique le prêtre. Ces établissements soignaient chaque année 200’000 personnes, soit quelque 6% de la population du pays. Ils constituaient notamment une solution de soins pour les plus pauvres qui ne peuvent pas affronter des dépenses médicales usuelles.

Les religions censées être une menace pour la dictature

Ces mesures se comprennent dans le cadre d’une volonté générale du pouvoir en place d’éliminer toute structure qui échappe à son contrôle. Sous la direction du président Issayas Afeworki, l’Érythrée est considérée comme une des dictatures les plus brutales du monde, ainsi qu’en attestent plusieurs rapports internationaux. Mussie Zerai, qui fut pendant des années aumônier des Erythréens en Europe et actif dans le sauvetage des migrants en Méditerranée, soulignait à cath.ch en janvier 2018 que le régime avait pour objectif de casser l’influence de l’Eglise sur la société.

Mais le gouvernement voit toutes les religions comme un danger pour son pouvoir autoritaire. La vie des croyants, dans le pays de la Corne de l’Afrique, est limitée par une série de restrictions. Les autorités reconnaissent seulement quatre religions: le christianisme orthodoxe, l’Eglise catholique romaine, l’Eglise évangélique luthérienne et l’islam sunnite. Les autres religions minoritaires font l’objet de continuels abus, assure le prêtre. Pour les catholiques, toute activité effectuée en dehors des lieux de culte est soumise à un contrôle inflexible. Depuis 2001, le gouvernement interdit également l’impression de l’ensemble des journaux confessionnels. Les institutions islamiques sont elles aussi sous contrôle. Au-delà des centres de santé, des écoles et des institutions de plusieurs religions ont été fermées.

Emigration massive

«Les restrictions et les violations des droits fondamentaux, la perspective d’un service militaire à durée indéterminée et les opportunités de travail et d’instruction limitées poussent chaque année des milliers d’Erythréens à fuir le pays», explique le prêtre. Il existe par ailleurs des milliers de prisonniers de conscience et politiques enfermés sans accusations ni procès. Nombre de familles des détenus sont depuis longtemps sans nouvelles de ces derniers. Le Père Zerai appelle la communauté internationale à briser le silence «afin que le drame du peuple érythréen ne tombe pas dans l’indifférence générale».

En Erythrée, une légère majorité des 4,5 millions d’habitants est musulmane, alors que les chrétiens représentent environ 45% de la population, dont environ 4% de catholiques. (cath.ch/fides/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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