Le récent voyage des amis de Cath-Info à Turin a permis de visiter l’œuvre de saint Joseph Benoît Cottolengo (1786-1842). Dans cet immense complexe, ils ont pris la mesure d’une action vouée aux plus démunis.
Il est à Turin, une ville dans la ville. Immense comme 16 terrains de football, cet espace comprend une série de bâtiments enchâssés les uns dans les autres. A l’entrée de l’espace, un grand portail. Bienvenue à la Petite Maison de la Divine Providence. La Petite Maison aux allures de complexe immobilier est, en fait, un pôle actif de charité. Voici l’œuvre d’un homme pétri de Dieu, Joseph Cottolengo. D’où l’appellation que les Turinois ont adoptée: ici, c’est «Le Cottolengo».
Etonnante aventure que cette Petite Maison confiée à la Providence. Une religieuse, de blanc vêtue, accueille le groupe de visiteurs suisses. Elle raconte: «Saint Joseph Cottolengo a vu mourir une femme dont personne ne s’occupait. Inspiré par la prière, il a décidé de se consacrer aux plus démunis, les orphelins, les personnes handicapées, les femmes en difficulté, etc.».
«Les plus malheureux sont les joyaux, les perles de la Petite Maison». Joseph-Benoît Cottolengo
La vie du saint turinois épouse celle de l’Europe prise dans les tourments de la Révolution et des guerres napoléoniennes. Né en 1786, Joseph-Benoît Cottolengo est prêtre depuis 1811. Il intègre en 1818 la congrégation des chanoines du Corpus Domini à Turin. Mais, à presque 40 ans, notent les biographes, «il manque encore de sécurité: une espèce d’adolescence prolongée, insatisfaite, en attitude recherche continuelle». La lecture de la vie de saint Vincent de Paul va le dynamiser. C’est la voie qu’il recherche: le service des pauvres.
Son destin bascule lorsqu’il assiste, impuissant, au décès d’une femme enceinte qui accouche. Son bébé succombera aussi. Or le règlement de l’hôpital de Turin ne permettait pas l’accueil de femmes enceintes. «Je dois faire quelque chose pour que ces événements ne se reproduisent plus», conclut le chanoine. Une lumière se fait en lui, accompagnée par la prière. Il loue deux chambres dans une maison, la Voûte Rouge, dans le centre populeux. Son but ? Offrir un service social d’urgence pour recevoir les personnes non admises dans les hôpitaux et celles qui vivent en état d’abandon.
L’œuvre se concentre sur les plus pauvres. Elle est soutenue par des bienfaiteurs et par des volontaires. Parmi ces derniers, une veuve, Marianna Nasi, marchande de la ville. Le chanoine Cottolengo va lui confier des jeunes filles, prêtes au service gratuit pour les pauvres. Le mouvement est lancé.
L’œuvre grandit et les vocations se multiplient. Les religieuses se partagent entre l’adoration eucharistique et le service des pauvres. En 1832, l’œuvre intègre la Petite Maison. «Deo gratias!, Grâce à Dieu!», est le cri de ralliement des volontaires et des religieuses qui rejoignent le mouvement. En 1833, déjà 300 lits sont disponibles dans le quartier du Valdocco. Puis la famille religieuse s’agrandit avec la création d’un ordre pour les frères. Ils sont infirmiers, éducateurs, animateurs de paroisses.
Infatigable, le chanoine piémontais va bientôt s’intéresser aux sourds-muets. Le programme de Cottolengo est d’accueillir encore et encore, en répondant aux besoins les plus urgents des pauvres. Et il veut que sa famille religieuse soient «les serviteurs des pauvres». «Les plus malheureux sont les joyaux, les perles de la Petite Maison», dit-il.
L’œuvre prend une dimension plus large, avec l’envoi de religieux et religieuses dans tout le royaume de Savoie. Puis ce sera l’étranger. Hôpitaux et écoles cottolenguins sont inspirés des préceptes de la Providence, mis en œuvre à Turin. Mais cette action a aussi, selon le saint chanoine, besoin de la prière continue. Il va donc fonder des monastères voués à la vie contemplative. Car, disait-il, «la prière est le premier et le plus important des travaux de la Petite Maison».
Après le décès du chanoine en 1842, à l’âge de 56 ans, son œuvre se développera à l’étranger (Equateur, Kenya, Floride). En Italie, 60 maisons inspirées du saint fondateur maintiennent ses intuitions fondamentales. A Turin, on continue de parler du Cottolengo, comme d’un endroit particulier: école, hôpital, centre d’accueil, centre de rééducation pour les polyhandicapés, atelier protégé, couvent de contemplatives cohabitent dans ce complexe né de la volonté d’un homme au sens social hors du commun. (cath.ch/bl)
Bernard Litzler
Portail catholique suisse
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