En tant qu’Eglise orientale, l’Eglise gréco-catholique ukrainienne a déjà dans sa forme canonique une marque de la synodalité à travers le recours fréquent aux assemblées du Synode des évêques, a considéré le successeur de Pierre. Pourtant, cette invitation ne signifie pas seulement marcher avec ceux qui pensent de la même manière mais bien avec «tous les croyants en Jésus», a-t-il insisté. Former une Eglise signifie former une communauté et «marcher ensemble» : tel est le sens de la synodalité.
La synodalité signifie notamment «d’élargir ses horizons» pour vivre la richesse de sa tradition à travers l’universalité de l’Eglise, a expliqué le pontife argentin. Une telle attitude suppose d’entretenir de bons rapports avec les autres rites et de partager la beauté de sa liturgie avec les autres. Mais aussi de «tisser des relations fructueuses avec d’autres Eglises particulières» et avec les dicastères de la Curie romaine. L’unité dans l’Eglise sera «féconde» quand l’entente et la cohésion entre le Saint-Siège et les Eglises particulières sera réelle. Plus encore, la cohésion entre l’évêque de Rome et l’ensemble des évêques du monde s’en trouvera ainsi renforcée.
Par ailleurs, la synodalité implique une grande écoute de l’ensemble des membres de l’Eglise. En effet, «qui écoute bien peut ensuite bien parler», a estimé le pape. A l’inverse, celui qui n’a pas l’habitude d’écouter «aboie». Un conseil d’autant plus important pour les hauts responsables hiérachiques. Tous les membres du Synode doivent donc être entendus, a demandé le successeur de Pierre : évêques, prêtres mais aussi laïcs. En tant que membres à part entière de l’Eglise, ceux-ci sont aussi invités à s’exprimer et à apporter leurs suggestions.
Le pape a en outre plaidé pour une «coresponsabilité» au sein de l’Eglise. Selon lui, il est impensable d’être indifférents aux erreurs et aux négligences des autres. A l’inverse, les évêques doivent intervenir de manière «fraternelle» et «convaincue» auprès de leurs confrères dans le besoin. Il ne s’agit pas «de cacher ce qui ne va pas» et d’aller de l’avant comme si rien ne s’était passé pour préserver «à tout prix sa réputation». Au contraire, dans les difficultés, la charité doit toujours être vécue dans la vérité, a-t-il demandé.
L’évêque de Rome a également évoqué le conflit ukrainien. Depuis plus de cinq ans, ce pays vit une situation difficile, blessé par un conflit «hybride» dans lequel les responsables «se camouflent». Les assurant de sa prière quotidienne, il a exhorté les responsables de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne à offrir un témoignage d’espérance chrétienne. Les pasteurs ne doivent avoir qu’un e préoccupation primordiale : la prière et la vie spirituelle. Cette vie spirituelle doit s’accompagner d’une proximité envers le peuple de Dieu: plutôt que de parler de Dieu, les évêques doivent donner Dieu. (cath.ch/imedia/cg/mp)
Maurice Page
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