Orthodoxe, à la tête d’un pays où aucun pontife ne s’est jamais rendu, Vladimir Poutine est l’un des chefs d’Etat qui a le plus rendu visite au pape argentin, puisqu’il s’agira ce 4 juillet de la troisième rencontre entre les deux hommes au Vatican. Autre particularité du président russe: son retard. En 2013, il avait fait patienter l’évêque de Rome 30 minutes, et près d’une heure en 2015.
Près de quatre ans après cette dernière rencontre, les deux hommes devraient aborder des sujets dont ils ont déjà discuté. A commencer par le sort des chrétiens d’Orient – en particulier en Syrie, où la Russie est présente militairement. C’est un des sujets les «plus intéressants» pour le pape lors de cette rencontre, a ainsi affirmé Mgr Paolo Pezzi, archevêque de Moscou, à l’agence SIR. «La Russie est une nation essentielle pour la paix», a-t-il ajouté auprès de Vatican News.
De fait, la «grave situation» en Syrie, avait déjà été soulignée en 2013 avec le pontife demandant une «attention particulière pour la paix». Deux ans plus tard, la requête était encore plus présente puisque le pape avait insisté sur «l’urgence de rechercher la paix» dans cette région du monde. Lors de cette seconde rencontre, il avait d’ailleurs principalement été question du Proche-Orient.
L’Ukraine, autre théâtre de conflit dans lequel la Russie est impliquée, devrait aussi être au menu des discussions. D’autant que cette audience intervient à la veille de deux jours de réunions du pape François avec les responsables de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne. Le sujet avait aussi été discuté en 2013 et 2015.
A la veille de cette seconde rencontre, Mgr Sviatoslav Schevchuk, chef de cette Eglise catholique orientale, avait même écrit au pontife en lui demandant «d’être la voix du peuple ukrainien (…) afin que comme père, il défende ses fils». Devant Vladimir Poutine, le successeur de Pierre avait ainsi exhorté à un «effort important et sincère pour réaliser la paix».
Bien que la Russie soit officiellement un Etat laïc, la rencontre de son président avec le Primat d’Italie s’inscrit également dans le rapprochement entre catholiques et orthodoxes russes. C’est d’ailleurs ce que sous-entendait Vladimir Poutine dans ses vœux pour l’année 2018 au pape François dans lesquels il espérait que Rome et Moscou continueraient à œuvrer ensemble pour le «dialogue entre civilisations et religions».
Si le pape argentin tient beaucoup à ce lien avec le Patriarcat de Moscou et veille à ne pas se mêler aux affaires internes de l’orthodoxie, la situation pourrait toutefois se crisper. L’Eglise orthodoxe russe est en effet très remontée contre le patriarche œcuménique Bartholomée depuis sa décision d’octroyer l’autocéphalie à l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Or, le pape François a récemment fait un geste d’amitié très fort envers le patriarche de Constantinople en lui offrant des reliques de saint Pierre. Pire encore, s’il accédait à la requête de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne d’être élevée au rang de patriarcat, cela risquerait d’être perçu comme un véritable affront par le patriarcat orthodoxe de Moscou.
Enfin, cette visite du président russe sera-t-elle l’occasion de remettre la première invitation faite à un successeur de Pierre de venir en Russie? Pour Mgr Pezzi, un tel geste serait fortement «souhaitable», mais le prélat n’y croit guère. De son côté, le porte-parole de la présidence russe n’a pu confirmer ou infirmer si une telle invitation était au programme. (cath.ch/imedia/xln/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/les-enjeux-de-la-3e-rencontre-entre-le-pape-et-vladimir-poutine/