Mgr de Moulins-Beaufort aimerait voir le pape François en France

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims (France), et est actuellement à Rome. Il y recevra le 29 juin, à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, le pallium insigne de sa charge d’archevêque. Le nouveau président de la conférence épiscopale compte aussi persuader le pape François de se rendre en visite en France.

Le président de la conférence des évêques de France à partir du 1er juillet a confié devant les journalistes sa vision de l ’Eglise en France. Il a ainsi estimé que la France demeurait «le phare de l’Occident».

Le pape François préfère visiter des pays «périphériques» avant de venir en France. La France peut-elle parfois avoir des allures de périphérie ?
La France n’est pas un pays périphérique. Elle est toujours le phare de l’Occident. Ne comptez pas sur moi pour dire le contraire. Il y a encore énormément d’initiatives spirituelles et pastorales, des chrétiens formidables. On ne peut pas comparer la situation de la France avec l’Albanie, la Bulgarie ou de la Centrafrique. N’exagérons pas, nous avons un pays relativement prospère. Certes, il faut transformer notre système. On serait très heureux que le pape vienne en France, si les évêques sont d’accord, on l’invitera à venir. Mais enfin, c’est au pape de gérer ses priorités. A nous de trouver les arguments pour le convaincre.

Quels arguments comptez-vous mettre en avant?
La France étant le phare de l’Occident, ce serait bien qu’il s’y rende pour en soutenir la lumière. Il y a quelques lieux qui ont une forte symbolique pour le monde entier. On l’a bien vu avec Notre-Dame de Paris. C’est une chose caractéristique. Si la cathédrale Saint-Paul à Londres avait brûlé, cela n’aurait pas eu le même impact. Nous devons assumer nous Français que ce qui se passe dans notre pays a un impact sur le monde qui est sans proportion avec notre poids économique et politique. C’est à la fois notre fardeau et notre grâce.

La nouvelle constitution de la Curie du Saint-Siège comporte des points renforçant le rôle des Conférences épiscopales. Qu’en pensez-vous?
Je ne sais pas ce qu’il en est dans la constitution mais pour ma part, je me méfierais d’un renforcement qui accentuerait l’autonomie de l’Eglise dans chaque Etat. Etre catholique c’est appartenir à l’Eglise universelle avec des liens étroits avec les catholiques du monde entier. Je me méfierais que chacun s’imagine être purement autonome sur un critère purement national. Il faudrait améliorer et renforcer un travail commun entre les Conférences épiscopales en Europe dans la mesure où elles partagent des sujets communs. On peut sûrement améliorer le fonctionnement de la Curie avec les Conférences épiscopales, mais à la condition que celles-ci fassent l’effort de ne pas s’isoler les unes des autres.

En tant que futur président de Conférence épiscopale vous êtes en rapport étroit avec le nonce en France, Mgr Luigi Ventura, faisant l’objet d’accusations d’agressions sexuelles. Quel regard posez-vous sur cette affaire?
Cela m’a beaucoup surpris. Je connais le nonce depuis son arrivée en France. C’est un homme jovial et simple. Je n’ai jamais fait l’objet de gestes indécents de sa part. Spontanément, j’aurais tendance à penser que ce sont des séquelles de la tumeur au cerveau qu’il a eu il y a quelques temps. Il est vrai que depuis un an nous avons constaté une dégradation de sa manière de se tenir dans les grandes célébrations. Il se met à parler avec tout le monde, à s’agiter dès que c’est un peu long. On n’avait jamais observé cela avant. Je n’en sais pas plus. A lui de dire ce qu’il a à dire. De toute façon, il arrive en décembre à la fin de sa mission à Paris. Ce n’est pas moi qui choisit les nonces. Cela n’a pas l’air de l’empêcher de travailler. (cath.ch/imedia/ah/mp)

Maurice Page

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