Le nom de François Eugster ne dit peut-être pas grand-chose pour la plupart des fidèles qui se rendent à Fribourg, soixante jours après Pâques, pour fêter Dieu. Et pour cause, le travail de président d’organisation s’effectue principalement dans l’ombre.
Pour avancer sur les dossiers «Fête-Dieu», François Eugster s’isole régulièrement dans son cabinet d’architecture à Villars-sur-Glâne, pendant son temps libre. Un bureau que ce bédéphile utilise également pour exposer et stocker – à côté de ses maquettes professionnelles – ses nombreuses bandes-dessinées.
«Je me rappelle bien de la date où j’ai accepté ce rôle. Ce fut en 2013, l’année de mes 40 ans», se souvient François Eugster. «Porteur de la tradition» ou «coordinateur de la Fête-Dieu», la fonction de ce père de famille porte un terme consacré: président du Comité des Solennités religieuses de Fribourg.
Ce comité est composé d’une dizaine de commissaires qui, le jour J, assurent la circulation des groupements entre les différents lieux de la Fête-Dieu. Ils sont reconnaissables à leur veston noir et leur brassard blanc. En marge des annuelles Fête-Dieu, deux autres solennités, ponctuelles, sont portées par ce groupe. Les ordinations épiscopales, qui sont précédées très souvent par les enterrements épiscopaux.
Engagé de longue date, ancien servant de messe à la paroisse de Saint-Pierre, puis cérémoniaire, François Eugster s’est retrouvé à donner années après années des «coups de main» à la Fête-Dieu. Il a intégré, petit à petit et «sans le savoir», le Comité des Solennités religieuses.
«Cette année, nous accueillons deux nouveaux mouvements dans le cortège de la procession»
«Mon travail commence chaque année, juste après Nouvel An. Je passe mes premiers coups de fil à la Ville pour réserver les places et les rues qui seront bloquées par la procession». Puis durant plusieurs mois, il assure le contact entre les différents groupements religieux, politiques, militaires, traditionnels et musicaux. Environs 700 personnes composent la procession.
«Cette année, nous accueillons deux nouveaux mouvements dans le cortège de la procession: les Scouts d’Europe de Suisse et la Congrégation mariale de la Basilique Notre-Dame», se réjouit-il. Son métier d’architecte l’a beaucoup aidé dans la réalisation de plans pour positionner les différents corps constitués pour la procession, à l’exemple du premier reposoir, situé au Kiosque à musique à la Place Georges-Python.
Pour l’organisation générale, François Eugster collabore étroitement avec l’évêché, pour la partie pastorale et liturgique, et pour la partie administrative, avec le Bureau interparoissial (BIP), qui regroupent les présidents de paroisses de la ville de Fribourg. La manifestation est financée par les paroisses de la ville et le budget est validé par le BIP. «En gros, c’est l’évêché qui invite, le BIP qui finance et le Comité des Solennités qui organise», résume-t-il.
Le budget annuel global varie entre 33’000 et 36’000 francs. L’installation de la sonorisation revient à un peu plus de 10’000 francs. Environ 5’000 francs sont attribués au service de l’Edilité de la Ville, qui gère l’installation des gradins et bancs à St-Michel, et les barrières sur tout le parcours de la procession.
Il faut encore compter la rémunération des services de la Voirie, des frais du camion-grue pour le montage du couvert – où se trouve l’autel et l’ambon–, de la décoration, des fleurs, du photographe officiel, du chef de chœurs, des musiciens et de l’apéritif servi sur la Place Notre-Dame, entre autres.
A 6h du matin précises, les artilleurs de la Batterie 13 tirent un coup de canon depuis le chemin de Lorette, donnant ainsi aux trois corps de musique officiels l’ordre de départ pour animer les rues de la ville.
La météo y est pour beaucoup. C’est à 7h du matin que la décision de fêter en extérieur ou non est prise. Un numéro de téléphone est à disposition, et un répondeur est programmé. En cas de pluie, la messe du Saint-Sacrement a lieu à l’église du Couvent des Cordeliers et la procession est annulée. «Quand on sait que certains fidèles font plusieurs heures de route pour assister à cette manifestation. Les empêcher d’entrer dans l’église par manque de place et leur supprimer la procession est pour moi un crève-cœur absolu».
«En 2025, où nous marquerons les 600 ans de la Fête-Dieu à Fribourg.»
Jusqu’ici, François Eugster n’a encore jamais été contraint de prendre cette décision, en accord avec l’évêché. «Mais je sais déjà qu’un jour j’y serai confronté, puisque statistiquement cela arrive tous les 10 ans, glisse-t-il. J’espère simplement que ce ne soit pas le cas pour l’année 2025, où nous marquerons les 600 ans de la Fête-Dieu à Fribourg.» (cath.ch/gr)
La Fête-Dieu
Contrairement à Noël, Pâques, l’Ascension ou la Pentecôte, la Fête-Dieu ne fait référence directe à aucun événement de la vie de Jésus. Instaurée d’abord dans la province de Liège, au XIIIe siècle, elle représente de manière solennelle et publique l’institution de l’Eucharistie le Jeudi-Saint.
Encore célébrée en grandes pompes dans de nombreux pays ou régions catholiques, la Fête-Dieu, ou Fête du Corps et du Sang du Christ, est aussi souvent l’occasion de manifester le lien entre autorité civile et autorité religieuse. Dans les endroits où elle n’est pas fêtée le jeudi, soixante jours après Pâques, elle est reportée au dimanche suivant. GR
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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