Le religieux, qui travaillait aux côtés du peuple Gourmantché, a été enlevé dans la nuit du 17 au 18 septembre 2018 dans sa paroisse à Bomoanga, située à 150 km au sud-ouest de Niamey, la capitale. Agé alors de 57 ans, il était depuis 11 ans au service de la population de Bomoanga, à la frontière avec le Burkina Faso, dans une région infestée par les djihadistes où règne une grande insécurité.
Le 17 mai 2019, le pape François a mentionné le nom du Père Maccali, en recevant au Vatican les 80 membres du Chapitre général de la SMA. Il a alors assuré les membres de la congrégation de sa «sollicitude et de l’attention du Saint-Siège sur cette préoccupante situation».
Malgré les menaces dans cette région isolée, l’assistance aux enfants malnutris et aux malades à la mission de Bomoanga est assurée par deux collaborateurs du Père Maccalli, qui s’occupent également de l’acquisition et de la distribution de médicaments.
Ce début de neuvième mois de captivité du Père italien a lieu dans un contexte difficile pour les chrétiens du Niger. Le 10 juin 2019, le groupe radical musulman du Nigeria Boko Haram, qui a étendu ses tentacules au Niger voisin, a lancé un ultimatum de 72 heures aux chrétiens de Diffa, dans le sud-est, pour quitter la région, qui fait frontière avec le Nigeria. «Vous avez trois jours pour partir ou vous serez tués!», a lancé le groupe fanatique musulman, dans des messages adressés aux chrétiens de Diffa.
A la suite de cette menace, de nombreuses familles chrétiennes vivant en milieu rural ont rejoint la ville de Diffa, à l’appel de l’Alliance des Missions et Evangéliques du Niger. Déjà, le 7 juin, une chrétienne du village de Kintchendi avait été enlevée par Boko Haram, puis libérée le 11 juin avec un message du groupe djihadiste destiné aux chrétiens.
En réponse à cet ultimatum, le gouvernement nigérien, a décidé, vendredi 14 juin, lors d’un conseil des ministres, de prolonger pour trois mois encore, l’état d’urgence dans les régions de Diffa, Tillabéri et de Tahoua.
Par ailleurs, une église des Assemblées de Dieu, à Maradi, 3e ville et capitale économique du pays, au sud du pays, a été incendiée dans la nuit du 15 au 16 juin 2019 lors de manifestations contre l’interpellation d’un imam, Cheick Riyadouane Ishaq. Ce dernier avait violemment critiqué la veille un projet de loi du gouvernement sur l’organisation du culte au Niger, actuellement en cours d’adoption à l’Assemblée nationale.
L’incendie de l’église de Maradi a suscité la solidarité des guides religieux et chefs coutumiers de la ville. Les autorités, les leaders religieux et les représentants de la population se sont rendus à l’Institut pastoral des Assemblées de Dieu pour présenter leur «compassion aux responsables de la communauté chrétienne, suite à ces incidents». Sur les réseaux sociaux aussi, les Nigériens ont unanimement condamné ces actes qui, pour beaucoup de commentaires, «tiennent plus à du vandalisme qu’à une réelle menace au vivre ensemble qui fait la fierté du pays».
L’imam Cheick Riyadouane Ishaq a été libéré le 16 juin, après plusieurs médiations. A sa sortie du commissariat de police, il a appelé la population au calme, ajoutant avoir été induit en erreur quant à l’interprétation de certains articles du projet de loi sur l’organisation du culte au Niger. Il a aussi estimé que «l’attaque contre des biens religieux n’honore pas l’islam»
Cet acte de vandalisme des extrémistes musulmans rappelle qu’au Niger 45 églises chrétiennes avaient été incendiées en janvier 2015, après la publication de caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo. Une dizaine de personnes avaient péri à Niamey lors des troubles provoqués par cette édition controversée du journal satirique français. (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
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