Pour Aude Pidoux, reprendre les rênes de l’Echo, c’était un peu comme revenir à ses premières amours. C’est en effet au sein du journal romand qu’elle s’est entichée du journalisme. En 2011, elle n’avait fait que quelques piges avant d’intégrer, en tant que stagiaire, la petite rédaction basée à Genève. Une expérience qui lui a permis de faire ses premières armes et de mieux cerner ses centres d’intérêts. «Je suis une touche à tout, et je ne peux réellement m’épanouir professionnellement qu’en ayant cette latitude d’expérimentation, de découverte», assure-t-elle à cath.ch. Une liberté que l’esprit d’ouverture et la taille réduite de la rédaction peuvent lui offrir.
Son travail avait déjà à l’époque été remarqué. La journaliste née à Morges en 1982 a été récompensée en 2013 par le Prix médias pour jeunes journalistes, pour son article «Nés évangéliques, ils le restent…souvent», décerné par l’Association Suisse des Journalistes Catholiques (ASJC).
Sa soif de découverte, Aude Pidoux la poursuit toutefois loin de la Suisse. En 2014, elle part vivre avec son mari à Terre-Neuve. Sur l’île canadienne, la Suissesse commence par collaborer avec Le Gaboteur, le petit journal de la communauté francophone locale. Après quelques années, elle en devient la rédactrice en chef. Sur les côtes de l’Atlantique Nord, elle travaille également comme journaliste indépendante, réalisant notamment des piges pour des journaux romands tels que La Liberté ou l’Echo Magazine.
Survient ensuite fin 2018 la proposition de coordonner l’équipe de ce dernier journal, dont le rédacteur en chef, Patrice Favre, est sur le point de prendre sa retraite. Une offre qui l’enthousiasme, tant elle garde un bon souvenir de ses deux ans de stage à Genève. Mais sur laquelle elle hésite, face à la perspective de quitter le Canada, une terre à laquelle elle s’est attachée.
Désireuse finalement de relever ces nouveaux défis professionnels, elle revient ainsi dans la ville du bout du lac en février 2019.
A quelques semaines de prendre officiellement la direction de la rédaction, Aude Pidoux a des idées précises sur les orientations qu’elle entend donner à l’hebdomadaire. «L’humain» devrait être le maître mot de ses efforts. La Vaudoise aime en effet par-dessus tout dénouer le tissu dont est fait l’homme, révéler ce qui le motive, le fait avancer, ou au contraire lui fait obstacle. Une chose possible uniquement dans la rencontre véritable avec les personnes, une démarche au cœur de son travail journalistique. Exprimer cette diversité humaine à travers le langage est une autre passion de la jeune femme qui se décrit comme une «littéraire». Dans cette approche humaniste, l’aspect familial devrait prendre une place de choix. L’occasion également d’intéresser un public plus jeune.
Cette passionnée de voyages entend aussi donner plus de place à la découverte du monde dans les pages du magazine chrétien. «Car savoir ce qui se passe ailleurs nous aide à comprendre ce qui se passe chez nous», assure-t-elle. Le tout devrait prendre des formes journalistiques un peu plus longues et approfondies, valorisant les enquêtes et les dossiers.
L’objectif est aussi d’étendre la collaboration avec les médias partenaires, tels La Croix ou cath.ch, ainsi que de développer des liens avec d’autres. Une démarche est ainsi en cours avec l’hebdomadaire catholique français Le Pèlerin.
Aude Pidoux entend en outre travailler au développement de l’aspect visuel de l’Echo, notamment en changeant à moyen terme sa maquette, en place depuis 10 ans.
Une vision qui a convaincu les responsables de l’Echo Magazine, à la recherche de la personne idéale pour remplacer Patrice Favre. Une quête pas forcément évidente, après le départ de ce journaliste qui a durablement marqué la publication et dont l’excellent travail était reconnu de tous, précise Gérard Plader, directeur général de l’hebdomadaire. «Le projet d’Aude Pidoux d’aller vers un magazine plus familial nous a beaucoup plu, notamment dans une optique de rajeunissement du lectorat», assure-t-il. Il mentionne aussi le dynamisme, l’ouverture sur le monde, ainsi que la jeunesse et l’aisance de rédaction de la Vaudoise. Son attachement au travail sur le terrain et la sensibilité féminine qu’elle pouvait y apporter ont également été considérés comme des atouts.
Gérard Plader est ainsi pleinement confiant pour l’avenir du journal sous sa direction. Le fait qu’Aude Pidoux soit de culture protestante et non pratiquante n’est selon lui pas un problème. Il note que deux autres rédacteurs sont déjà investis des sujets religieux.
La décision a été facilitée par le fait que la majeure partie des collaborateurs du journal connaissaient déjà et appréciaient Aude Pidoux. «Ils ont accepté la nouvelle avec beaucoup de joie», souligne le directeur général. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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