Pour son 30e déplacement hors d’Italie, le pape argentin se rendra dans un pays qu’il n’a encore jamais visité, la Roumanie. Ce voyage intervient vingt ans après la visite «historique» de Jean Paul II, première venue d’un successeur de Pierre dans un pays à majorité orthodoxe. Comme en 1999, la participation des orthodoxes aux événements de la visite devrait être importante, d’autant que le pape ira à leur rencontre avant même de retrouver les catholiques.
Ainsi, après les habituels moments officiels, le voyage prendra une «forte» dimension œcuménique avec une visite de l’évêque de Rome au patriarche Daniel de l’Eglise orthodoxe roumaine. Puis, le patriarche et le pape se dirigeront vers l’immense cathédrale orthodoxe de la ville pour la construction de laquelle le pape Jean Paul II avait fait en 1999 un don de 200’000 dollars.
Là après des chants, le pape récitera le Notre Père en latin avant d’être suivi par le patriarche Daniel qui répétera cette prière en roumain. Comme l’avait indiqué Mgr Ioan Robu, archevêque de Bucarest, à I.MEDIA, la prière ne sera pas simultanée. «Techniquement, on ne peut pas dire qu’ils prieront ensemble», a reconnu Alessandro Gisotti voyant tout de même un moment «très significatif» dans cette prière. A la fin de la cérémonie, le pape et le patriarche béniront les milliers de fidèles assemblés à l’extérieur.
Interrogé, Alessandro Gisotti a expliqué que la question de la restitution des biens ecclésiastiques de l’Eglise gréco-catholique spoliée lors de l’intégration forcée à l’Eglise orthodoxe ne devrait pas être abordée publiquement au cours du voyage. Toutefois, la béatification le 2 juin des sept évêques gréco-catholiques est «très significative» puisque ceux-ci ont été martyrisés pour avoir refusé d’intégrer l’orthodoxie. La cérémonie se déroulera à Blaj, lieu où les autorités communistes avaient ordonné en 1948 l’intégration forcée de l’Eglise gréco-catholique roumaine au sein de l’Eglise orthodoxe roumaine.
Si en 1999 l’évêque de Rome s’était limité à la capitale, son successeur actuel ira dans plusieurs villes afin de visiter la richesse «ethnique, culturelle et religieuse». La première ville visitée après Bucarest sera le sanctuaire de Sumuleu-Ciuc, cher aux fidèles catholiques latins hongrois. Plus de 110’000 personnes se sont déjà inscrites pour cette messe à laquelle assisteront également de nombreux évêques hongrois. Le président de la Hongrie devrait également être présent, mais simplement comme fidèle et ne devrait donc pas saluer le pape. Le premier ministre Viktor Orban ne devrait pour sa part pas être là.
Puis, le même jour, le chef de l’Eglise catholique se rendra en hélicoptère dans la ville de Iași, pour retrouver les catholiques latins roumains. Dans la cathédrale de la ville, le pontife se recueillera devant les reliques du bienheureux Anton Durcovici, évêque de Iasi et mort en martyr en 1951. Une rencontre mariale avec les jeunes et les familles suivra, à laquelle participera notamment une délégation orthodoxe. Entre 60’000 et 100’000 personnes sont attendues.
Le 2 juin, ce sera au gréco-catholicisme roumain de faire l’objet de toutes les attentions papales. Pour cela, François se rendra dans la ville de Blaj. Il y présidera la divine liturgie au cours de laquelle les sept évêques seront béatifiés. Il s’agira de la première fois que l’actuel pontife présidera une divine liturgie en rite byzantin, a noté le directeur du Bureau de presse, même si la cérémonie sera célébrée par cardinal Lucian Mureșan, archevêque majeur de l’Eglise greco-catholique roumaine.
La dernière rencontre du voyage sera avec la communauté rom. Elle se tiendra dans une petite église dont la première pierre avait été bénie en 2017 par le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales. Le pape y sera accueilli par un prêtre gréco-catholique lui-même rom. Après cette rencontre «recueillie», le pontife reprendra l’avion en direction de l’Italie.
Outre les membres habituels, la suite pontificale sera composée des cardinaux Giovanni Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, et Sandri. Un employé de la villa pontificale de Castel Gandolfo a également été invité à rejoindre la suite.
Comme le veut la tradition, le pontife remettra des cadeaux aux lieux visités ou aux personnes rencontrées. Parmi ces présents figure une rose d’or au sanctuaire marial de Sumuleu-Ciuc. Quant au patriarche Daniel il recevra le même cadeau que le patriarche de l’Eglise orthodoxe bulgare : une édition du Codex Pauli. Réalisé en 2010, cet ouvrage est le plus important jamais consacré à saint Paul. Agrémenté de frises, d’enluminures et d’illustrations, le volume a été tiré à 998 exemplaires numérotés. (cath.ch/imedia/xln/mp)
Maurice Page
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