Sur les migrants
Le pape reconnaît que le phénomène migratoire n’est pas un problème facile et qu’il n’a pas de solutions concrètes à proposer. Pour lui, les responsables doivent développer une politique «créative», de dialogue et de développement.
Le pape n’en déplore pas moins voir la Méditerranée devenir «toujours plus un cimetière». De même, il qualifie de cruels les murs barbelés aux frontières, et de cruauté encore plus grande la séparation des enfants de leurs parents. «Qui construit des murs finit prisonnier des murs qu’il construit», met-il en garde.
Sur les femmes
Trop souvent, regrette le successeur de Pierre, les femmes ont la seconde place. Pourtant, une maison sans femme ne fonctionne pas, notamment car le patrimoine de la femme est la tendresse.
L’évêque de Rome critique par ailleurs l’esclavage de femmes pas si rare, y compris en Europe. Il conseille notamment la lecture du livre de la Yézidie Nadia Murad, Pour que je sois la dernière. Prix Nobel de la Paix 2018, la jeune femme avait été réduite en esclavage par l’organisation Etat islamique.
«Qui construit des murs finit prisonnier des murs qu’il construit»
Sur l’islam
Le dialogue avec l’islam est une priorité actuelle, affirme le pontife, d’autant que cette religion est entré en Europe, ce qui est une réalité qui ne peut être ignorée. Pour lui, chrétiens et musulmans sont frères, étant tous descendants d’Abraham. Il ajoute toutefois que l’islam est blessé très fortement par des groupes extrémistes qui font des désastres, en particulier par le recours aux attentats-suicides.
Sur la Chine
«Je rêve de la Chine», confie le pape. Avec le géant asiatique, considère-t-il, les relations sont très bonnes d’autant que l’accord ›provisoire’ de septembre dernier a permis à tous les fidèles du pays de vivre ensemble les cérémonies pascales. Si le chef de l’Eglise catholique avoue beaucoup aimer l’idée d’aller en Chine, il ne donne aucune indication quant à une éventuelle visite apostolique.
Sur le cardinal Maradiaga et Mgr Zanchetta
Dans l’entretien, le pape s’exprime sur ces deux prélats contestés. Pour lui, les accusations – notamment de détournement d’argent – contre le cardinal Maradiaga, coordinateur du Conseil des cardinaux, sont des «calomnies». «Personne n’a pu me prouver quoi que ce soit», insiste-t-il.
Il n’en va pas de même pour Mgr Zanchetta, cas sur lequel le pape s’attarde longuement. Il explique ainsi que le prélat avait assuré avoir été piraté après la découverte d’images pédopornographiques sur son ordinateur.
«Je rêve de la Chine»
Après cette première accusation, Mgr Zanchetta avait fait l’objet d’une plainte auprès de la nonciature pour abus de pouvoir par des prêtres de son diocèse. Selon le pape, celui-ci l’avait alors convoqué à Rome pour exiger sa démission puis l’avait envoyé en Espagne suivre un test psychiatrique. Celui-ci recommandant un traitement tous les mois, le chef de l’Eglise catholique a nommé le prélat à Rome pour faciliter l’aller-retour avec l’Espagne. Les accusations pour abus sexuels sont parvenues ensuite et l’affaire est en cours de jugement par la Congrégation pour la doctrine de la foi, assure le pape.
Sur le cardinal Barbarin
Le pape François répète son attachement à la présomption d’innocence. «Dans un procès public, la présomption d’innocence s’applique même aux juges les plus anticléricaux», glisse-t-il.
Sur Theodore McCarrick
«Je ne savais rien bien sûr, rien, rien», assure le successeur de Pierre. Selon lui, le silence qu’il a gardé après la lettre d’accusations de Mgr Viganò était un silence de confiance pour laisser les médias faire leur travail d’investigation.
Sur la protection des mineurs
Le sommet de février a permis au chef de l’Eglise catholique de sentir que les évêques se sentaient désormais pleinement impliqués pour mettre fin à cette corruption. En tant que successeur de Pierre, son rôle est d’initier des processus en ce sens pour combattre cette «grande monstruosité».
Affaire Mccarrick: «Je ne savais rien bien sûr, rien, rien»
Sur les ›situations irrégulières’ et en particulier les personnes homosexuelles
«Je ne peux rejeter personne», affirme le pape, car tous les fidèles sont fils de Dieu et donc aimés de Lui. Pour lui, il est important d’engager un processus d’intégration au sein de l’Eglise – ce qui ne veut pas dire approuver les actes homosexuels, précise-t-il en indiquant se reconnaître à la fois conservateur et libéral.
Dans l’entretien, le pape François confie également sa colère face au traitement par certains médias de sa réponse dans l’avion de retour d’Irlande sur l’intégration des personnes homosexuelles. S’il avait expliqué que celles-ci ne devaient en aucun cas être rejetées par leur famille, il avait conseillé aux parents de jeunes enfants se déclarant homosexuels de consulter un psychiatre. Le mot était erroné, reconnaît l’évêque de Rome qui aurait voulu parler d’un spécialiste.
Sur l’avortement
Le premier pape argentin de l’histoire réitère sa comparaison avec un tueur à gage. «C’est un problème d’éliminer une vie humaine. Point.», assène-t-il.
Sur l’accusation d’hérésie
Interrogé sur la prise de position d’une quinzaine de théologiens l’accusant d’être hérétique, celui qui se confesse toutes les deux semaines affirme avoir vu cette accusation avec humour tout en priant pour ces «pauvres gens» dont certains sont manipulés. Il affirme ainsi avoir une tendresse paternelle pour ces théologiens.
Sur la réforme de la Curie romaine
Pour l’actuel évêque de Rome, la réforme de la Curie en cours n’est pas ›sa’ réforme mais celle voulue par les cardinaux. Il explique en particulier que celle-ci doit permettre de faire disparaître les «structures de cour» alors que le Vatican est selon lui la dernière monarchie absolue d’Europe.
Sur les relations avec les journalistes
Le pape affirme se sentir bien avec les professionnels de la presse, d’autant que ceux-ci sont – selon lui – respectueux, patients et compatissants. Les échanges avec les journalistes figurent donc au nombre des belles choses de son ministère pétrinien. De plus, leur travail peut aider, comme ce fut par exemple le cas avec les abus sexuels au Chili. Le pape est également conscient que les journalistes ne sont pas toujours libres et doivent suivre une ligne éditoriale. (cath.ch/imedia/xln/bh)
Bernard Hallet
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