D’après le pape, Mgr Pierre Bürcher sera administrateur du diocèse de Coire «pour quelque mois» seulement. Quel est donc le profil idéal du prochain évêque de ce diocèse?
Urban Fink: Il devra avant tout être capable de construire des ponts. Homme fondé dans la foi, il devra être capable de guider les personnes et trouver un chemin pour les croyants de tout le diocèse. Il faut reconnaître que Mgr Vitus Huonder n’a malheureusement pas construit de ponts. Il a davantage polarisé que rassemblé ses fidèles.
N’est-ce pas un problème de mentalité entre Coire et Zurich?
Non car, quel que soit le canton, la majorité du diocèse, et aussi du clergé, n’était pas de l’avis de Mgr Huonder. Les catholiques n’avaient pas la même vision de l’Eglise que lui. Et pour sa part, il donnait l’impression de ne vouloir que répondre aux besoins d’une minorité, uniquement.
Est-ce que ce sont ses prises de positions qui lui ont fait défaut?
Ce n’est pas l’opinion d’un évêque qui pose problème. Il est tout à fait possible de travailler avec un évêque, même ‘tradi’, pour autant qu’il soit ouvert à la discussion. Non, le problème avec Mgr Huonder était davantage lié à son attitude. Celle de quelqu’un de trop étroit et fermé au dialogue. Et où loge-t-il actuellement? Avec la Fraternité sacerdotal saint Pie X, qui n’est pas catholique romaine et qui attaque constamment pape François. Cette décision révèle son identité, en quelque sorte.
«Le diocèse a surtout besoin aujourd’hui de paix et de communion»
N’est-ce pas ce diocèse qui est ingouvernable, finalement?
Non, le diocèse de Coire est tout à fait gouvernable, si l’évêque est capable! J’en tiens pour preuve les mots de Mgr Peter Henrici, ancien évêque auxiliaire de Coire qui a déclaré une fois à propos de Mgr Huonder, qu’il est «incapax» d’être évêque.
Est-ce que Mgr Pierre Bürcher correspond au profil idéal que vous avez dressé?
Le diocèse a surtout besoin aujourd’hui de paix et de communion. Si Mgr Bürcher peut y contribuer, alors oui. Mais personnellement, je ne le connais pas. Et je pense que le diocèse en général non plus. Ce qui est une chance. Car il n’y a pas d’a priori négatif à son sujet. Je lui souhaite bonne chance et que Dieu le bénisse.
Urban Fink-Wagner est directeur de la Mission Intérieure (MI), l’œuvre entraide matérielle pour l’encouragement de la vie religieuse en Suisse, dont l’administration est basée à Zofingue (AG). Formé à l’Université de Fribourg et à l’Université pontificale grégorienne de Rome, le théologien (doctorat) et historien (licence) d’origine soleuroise a également été rédacteur en chef de la Schweizerische Kirchenzeitung, autrefois à Lucerne. (cath.ch/gr)
Grégory Roth
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