Quel est le sens de votre présence aux côtés des évêques italiens?
C’est une grande tradition dans l’Eglise entre les conférences épiscopales d’inviter d’autres évêques issus d’autres pays, notamment européens. A Lourdes (France), nous invitons d’autres évêques: d’Italie, d’Allemagne, de Belgique, d’Angleterre parfois. Ici aussi, il y a cette habitude d’inviter un évêque français à la Conférence des évêques d’Italie. Jusqu’à présent c’était l’archevêque de Tours. Cette année, l’épiscopat m’a demandé de le représenter pour cette rencontre. Il y avait également des évêques de Serbie, d’Albanie, de République tchèque ainsi que de Pologne.
Dans une telle rencontre, quelles sont les observations les plus marquantes?
Ce qui m’a frappé, d’abord, c’était le nombre d’évêques italiens présents : ils sont environ deux fois plus nombreux que les évêques français. Mais surtout le nombre de questions et les réponses à la fois simples et profondes du pape, sur des sujets pourtant très difficiles. Aussi bien sur les interprétations d’Amoris laetitia (2016), que sur la question des migrants, celle des jeunes, la question épiscopale, ou encore celle de la synodalité, c’est-à-dire faire en sorte que l’Eglise soit plus participative, à tous les niveaux: paroissial, diocésain, provincial et national.
Comment l’évêque peut-il revêtir, selon les propres mots du pape François lors de sa prise de parole, la figure du «grand frère et du père» pour les prêtres de son diocèse?
Le Concile emploie trois expressions différentes: être parfois le père, parfois l’ami, parfois le frère. Le pape ici a beaucoup plus insisté sur cette paternité, c’est-à-dire une certaine proximité avec les prêtres. Il faut que nous soyons très proches d’eux, qu’ils soient «les plus proches de nos proches». On a l’impression que le pape voulait vraiment qu’on ait une attention toute particulière pas simplement à quelques prêtres qui nous seraient plus sympathiques, mais aussi aux plus fragiles, aux plus faibles et à ceux qui sont moins aimés. Bref, vraiment une proximité avec chacun des prêtres pour être en presbyterium.
Quelle image vous faites-vous du rôle de l’évêque?
Lorsque je réfléchis au rôle de l’évêque, la première chose à laquelle je pense, c’est d’aimer les gens. La deuxième chose, c’est de commenter la Parole de Dieu, ce que je fais chaque jour. Et la troisième chose, c’est la proximité avec les prêtres, telle que le pape en a parlé. Si on aime les gens, la Parole de Dieu et les prêtres, aujourd’hui un évêque a toutes les chances d’avoir une mission qui puisse être celle de servir vraiment l’Evangile auprès de tous.
Vous avez eu l’opportunité de saluer le pape François à la fin de son discours aux évêques italiens. Quels ont été les mots que vous avez pu échanger?
Je lui ai dit que je venais de France, que j’étais l’évêque de Vézelay car je sais qu’il a une prédilection, un amour pour un chapiteau dans la basilique de Vézelay. Ce chapiteau représente le Christ après la mort de Judas, qui prend ce dernier sur ses épaules. Le pape a déjà commenté deux fois cette image pour exprimer sûrement jusqu’où va la miséricorde du Christ. Elle va non seulement réconcilier Simon-Pierre, mais aussi jusqu’à porter celui qui l’a trahi sur ses épaules. Dès que je lui ai dit que j’étais évêque à Vézelay, il a répondu: «Ah, l’évêque du chapiteau de Judas!». (cath.ch/imedia/pad/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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