Le patriarche émérite de l’Eglise maronite est décédé le 12 mai, à quelques jours de son 99e anniversaire.
A la tête du Patriarcat d’Antioche des maronites, entre 1986 et 2011, le cardinal Sfeir a guidé cette communauté avec «autant de douceur que de détermination», estime le pontife romain. Son message – en français – est ainsi adressé non seulement au successeur du défunt, le cardinal Béchara Boutros Raï, mais aussi à sa famille et à tous les catholiques maronites.
Dans un contexte «troublé» – le Liban était alors en pleine guerre civile -, poursuit le chef de l’Eglise catholique, le cardinal Sfeir a mené sa mission en homme «libre et courageux». «Ardent défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de son pays, il restera une grande figure de l’histoire du Liban», écrit encore l’évêque de Rome.
En conclusion de son télégramme, le pape prie le Seigneur d’accueillir ce «pasteur sage et engagé». Il adresse également sa bénédiction à la famille du cardinal Sfeir, à ceux qui l’ont accompagné au cours de ces dernières années ainsi qu’à ceux qui participeront aux obsèques. Celles-ci auront lieu le 16 mai. A cette occasion, le Liban a décrété deux jours de deuil officiel, les 15 et 16 mai.
Dans une notice biographique accompagnant le télégramme du pape François, le Saint-Siège rappelle que le cardinal Sfeir avait reçu la barrette cardinalice des mains du pape Jean Paul II en 1994. De plus, le chef de l’Eglise maronite avait participé à trois assemblées générales du Synode des évêques entre 1986 et 1994. En 1995, il avait été président délégué de l’assemblée spéciale pour le Liban et en 2010, président délégué ad honorem de l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient.
Les hommages continuent à affluer de tout le Liban pour rendre hommage au cardinal Sfeir. Le patriarche grec orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Jean X Yazigi, a salué la mémoire du patriarche Sfeir, «pôle chrétien dont la première et ultime obsession était de préserver l’essence du Liban, basée sur le vivre-ensemble».
Le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, s’est rendu mardi 14 mai à la tête d’une délégation de Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite du pays, au siège du patriarcat de l’Eglise maronite, à Bkerké, au nord de Beyrouth, afin de présenter ses condoléances pour la disparition du patriarche émérite.
«Le patriarche Sfeir a marqué une page brillante de l’histoire du Liban»
«Le patriarche Sfeir a marqué une page brillante de l’histoire du Liban», a-t-il déclaré, affirmant que «nous nous tenions toujours à ses côtés pour assurer la sauvegarde de la paix nationale et l’unité des Libanais». Le cardinal Béchara Boutros Raï a également reçu le même jour le cheikh Akl des druzes, Naim Hassan, à la tête d’une délégation de la communauté, venus présenter les condoléances pour le décès du patriarche Sfeir.
Le patriarche maronite actuel a aussi par ailleurs reçu l’ambassadeur syrien à Beyrouth, Ali Abdelkarim Ali, et l’ambassadeur d’Iran, Mohammad Jalal Fairouznia, venus présenter leurs condoléances, rapporte l’Agence nationale d’Information (ANI). Le quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour rappelle «son opposition farouche à la présence syrienne au Liban» et son engagement en faveur de la réconciliation entre druzes et chrétiens du Mont Liban, qui s’étaient affrontés dans le cadre de la «guerre de la montagne» qui avait éclaté après le retrait de l’armée israélienne qui avait envahi le Liban en juin 1982.
Dans son hommage au patriarche maronite disparu, l’Elysée rappelle que le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, «né l’année même où les autorités françaises proclamèrent l’Etat du Grand Liban en 1920», n’a cessé de promouvoir le pluralisme, la tolérance et le respect mutuel entre tous les Libanais, quelle que soit leur affiliation confessionnelle ou politique.
«Ami sincère de la France, francophone et francophile, il a eu à cœur de maintenir les liens étroits établis de longue date entre notre pays, les communautés chrétiennes et les peuples du Proche-Orient dans toute leur diversité. Il a marqué son temps d’une empreinte profonde», écrit le président français Emmanuel Macron. (cath.ch/imedia/orj/be)
Jacques Berset
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