A Beyrouth, le Conseil des ministres a décrété deux journées de deuil officiel mercredi 15 et jeudi 16 mai – ce qui implique la suspension des programmes télévisés en plein ramadan. Avant sa réunion nocturne, le Conseil a observé dimanche 12 mai une minute de silence pour le repos de l’âme du patriarche.
Dans un communiqué, la présidence du Conseil a annoncé que le jeudi 16 mai, jour des funérailles du patriarche émérite, sera chômé dans les administrations publiques, les municipalités et les institutions publiques et privées. Pendant ces deux jours de deuil, les drapeaux seront mis en berne dans toutes les administrations. Le secrétaire général des Ecoles catholiques, le Père Boutros Azar, a également décrété la fermeture des établissements scolaires catholiques le 16 mai.
Le cardinal Sfeir a été élu en 1986 – en pleine guerre civile – à la tête du Patriarcat d’Antioche des maronites, devenant ainsi le 76ème chef spirituel de cette Eglise d’Orient. Il a exercé sa charge durant ving-cinq ans, jusqu’en 2011, année où fut élu son successeur Béchara Raï.
Nasrallah Boutros Sfeir sera élu président de la Conférence épiscopale libanaise ainsi que président du Conseil des Patriarches d’Orient. A ce titre, il sera notamment président délégué du synode spécial des évêques sur le Moyen-Orient convoqué à Rome par le pape Benoît XVI en octobre 2010. Le pape Jean Paul II l’élèvera au rang de cardinal lors du consistoire du 26 novembre 1994.
Né le 15 mai 1920 à Rayfoun, au Mont-Liban, il fut ordonné prêtre en 1950 après des études suivies notamment au séminaire majeur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il fut ensuite professeur de littérature et de philosophie arabe et de traduction au collège des Maristes de Jounieh, avant d’être élu en 1961 évêque titulaire de Tarse des maronites et vicaire général pour le patriarcat d’Antioche.
Le patriarche Sfeir fut une figure majeure de la vie politique et religieuse du Liban, élevant notamment la voix pour libérer le «pays des Cèdres» de la tutelle syrienne. Il fut aussi très engagé dans la réconciliation entre chrétiens et druzes au Mont Liban en 2001.
Une délégation de Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite du pays, conduite par le cheikh Khaldoun Araymat, a effectué une visite de condoléances dimanche à Bkerké, au nom du mufti de la République Abdellatif Deriane.
«Le décès du 76e patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, survenu dans la nuit de samedi à dimanche, a plongé le pays dans le deuil de l’homme et du combat permanent pour un Liban libre, souverain et pacifié, qu’il symbolisait», écrit le 13 mai 2019 le quotidien libanais francophone L’Orient-Le Jour.
C’est dimanche 12 mai 2019 que le patriarche émérite Nasrallah Sfeir est décédé à Hôtel-Dieu de France, un hôpital universitaire privé de Beyrouth, où il avait été admis mercredi 8 mai aux soins intensifs pour une septicémie. «L’Eglise maronite est orpheline, le Liban en deuil», a écrit le patriarche maronite Béchara Raï dans un communiqué. Il a appelé toutes les églises du Liban à sonner le glas à 10h et à prier pour l’âme du cardinal Sfeir lors des messes dominicales.
Le cardinal, dont l’état de santé déclinait depuis 2014, est décédé trois jours avant de fêter ses 99 ans. Lors de la messe dominicale au siège du patriarcat maronite à Bkerké, le patriarche Béchara Raï a affirmé qu’avec la mort de Nasrallah Sfeir, l’Eglise qu’il a dirigée «a perdu une icône, mais nous avons tous gagné un saint patron au ciel».
Le président de la République Michel Aoun a affirmé que le patriarche Sfeir avait été «un des patriarches les plus importants du Liban, qui a laissé une empreinte lumineuse sur le pays». «Avec la mort du cardinal Sfeir, le Liban perd un homme qui savait faire preuve de raison dans ses prises de position nationales, qui a toujours défendu la souveraineté, l’indépendance du Liban et la dignité de son peuple», a-t-il ajouté. (cath.ch/orj/vaticannews/be)
Jacques Berset
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