C’était un grand bonhomme au regard clair. Et un rire tonitruant au coin des lèvres. Jean Vanier s’est éteint, dans la nuit du 6 au 7 mai. Le deuil est planétaire. Nous réalisons soudain que nous n’entendrons plus sa voix, que nous ne le verrons plus, avec ses chemises à carreaux si canadiennes. Il vient de nous quitter, ce géant de la charité.
En géant, il a bouleversé nos représentations.
Comment qualifier autrement ce sacré gaillard dont le cheminement humain et spirituel force l’admiration? Géant, il l’a été. Mais un géant qui a partagé humblement, la vie des personnes handicapées. Le centre de Trosly-Breuil, près de Paris, où il fonda en 1964 la communauté de l’Arche, est devenu une référence. L’Arche essaima dans le monde entier. Il fut également à l’origine, avec Marie-Hélène Mathieu, du mouvement Foi et Lumière pour les familles et les enfants handicapés mentaux. Géant, oui, et pétri de charité. Une charité intense, riche, dans le regard d’un homme qui se mit au rang des moins valorisés socialement. «La personne handicapée n’est pas un problème, elle est source de vie», avait-il coutume de dire.
Et nous mesurons combien nous lui sommes redevables. Quel élan de vie il a insufflé! Quelle vague de compassion il a soulevée, avec la tendresse d’un homme transformé par le Christ. La foi de Jean Vanier, sa foi en Dieu et sa foi en l’homme, ont élevé ceux qu’il a croisés ou qui ont lu ses livres.
Rien, dans le monde de l’accueil des personnes handicapées, ne sera plus comme avant. En géant, il a bouleversé nos représentations. Il s’est laissé façonner par les personnes handicapées dont il a partagé la vie. En mettant la fragilité humaine au centre, il a changé le monde, à sa façon. Cet ancien officier de marine nous a tous embarqués dans son Arche. Nous le pleurons aujourd’hui, en rendant grâce pour son exemple. A-Dieu, Jean Vanier, géant de la charité.
Bernard Litzler
7 mai 2019
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