S’appuyant sur son encyclique Laudato si’ «sur la sauvegarde de la maison commune», le pape a déclaré aux représentants d’Eglises, d’associations et de responsables d’entreprises impliquées dans l’extraction minière, que «nous avons besoin d’un dialogue qui réponde effectivement tant au cri de la Terre qu’au cri des pauvres».
Interpellant tout spécialement l’industrie minière, le pape François a estimé urgent d’encourager «l’économie circulaire», et non un «extractivisme». Ce terme utilisé, par les évêques latino-américains, décrit la «tendance effrénée du système économique à transformer en capital les biens de la nature. Les participants à la rencontre organisée par le Dicastère pour le développement humain intégral ont été reçus en audience privée dans la salle du Consistoire du Palais apostolique du Vatican.
Orienté vers la recherche de toujours plus de profit, le modèle économique actuel est «vorace», a constaté le pontife, et se fonde sur l’illusion d’une croissance économique illimitée. Si les conséquences d’un tel système sont désastreuses, les puissances économiques continuent pourtant à en ignorer les effets et à justifier ce système, a-t-il indiqué.
Comme dans toute activité économique, il est nécessaire d’encourager le développement de «l’économie circulaire», a déclaré le chef de l’Eglise catholique, et ce, tout spécialement dans l’activité minière. En effet, a-t-il expliqué, il y a une tendance frénétique à extraire le plus rapidement possible ces matériaux pour les commercialiser ensuite. Cela résulte d’un système consumériste qui crée des risques toujours plus grands.
D’autant que de trop nombreux déchets sont ensuite abandonnés dans la nature, jamais recyclés par faute de capacité, s’est-il attristé. A l’inverse, il faut toujours chercher à réduire, réutiliser et recycler les déchets, en particulier dans ce secteur industriel. La sobriété est à ce titre un élément clef pour un style de vie éthique et responsable.
A quelques mois du Synode sur l’Amazonie, le pape a insisté sur l’attention spéciale à accorder aux communautés aborigènes présentes sur les territoires concernés. Elles ne sont pas une simple minorité parmi d’autres. «Pour elles, en effet, la terre n’est pas un bien économique, mais un don de Dieu et des ancêtres qui y reposent, un espace sacré avec lequel elles ont besoin d’interagir pour alimenter leur identité et leurs valeurs», a insisté le pape François.
Le pontife a donc exhorté les acteurs économiques à respecter les droits humains fondamentaux et la voix des personnes de ces communautés «belles mais fragiles», rapporte Vatican News. «Dieu a destiné la terre à l’usage de tous», a rappelé François en citant l’encyclique Populorum progressio sur le développement humain et la notion chrétienne de progrès publiée par le pape Paul VI en 1967.
Dans son discours d’introduction, le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, avait pour sa part précisé que, bien que vitale, l’activité minière est souvent mêlée à des conflits. Son dicastère a organisé une rencontre au Vatican les 2 et 3 mai intitulée ‘L’industrie minière pour le bien commun’ afin notamment de permettre aux dirigeants d’effectuer des «choix éthiques». (cath.ch/imedia/cg/vaticannews/be)
Jacques Berset
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