À la suite d’une plainte individuelle, le tribunal du Land de Hambourg, en Allemagne, a contraint la chaîne de télévision franco-allemande Arte à retirer de sa plate-forme de vidéos à la demande le documentaire «Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église». Le diffuseur a indiqué son intention de faire recours contre cette décision.
«Arte considère cette décision comme infondée pour des raisons formelles et de fond. Elle a donc décidé de faire recours», a déclaré à la Suddeutsche Zeitung, la porte parole de la chaîne Claude Cavin.
Le directeur de l’Unité société et culture d’Arte France, Fabrice Puchault a confirmé l’information à La Croix: «La personne qui a porté plainte est un prêtre allemand», précise-t-il. «Il n’est pas nommé, et le lieu où il exerçait n’est pas mentionné mais il s’est reconnu et a estimé être reconnaissable par d’autres. Le tribunal lui a donné raison, après une audience à laquelle – pour des raisons qui tiennent à la procédure judiciaire allemande – nous n’étions pas présents».
Pour l’heure la diffusion du reportage est stoppée, sous peine de 250’000 euros d’amende et d’une peine de prison de deux ans.
Présenté d’abord lors de l’émission Temps présent de la RTS, le documentaire d’Eric Quintin et Marie-Pierre Raimbault, avant sa diffusion sous format plus long par Arte, a suscité un vif émoi bien au-delà de l’Eglise. Les révélations d’abus sexuels sur les religieuses par des prêtres et des évêques ont fortement choqué. Le reportage a été vu par des millions de téléspectateurs en direct ou en streaming.
De son côté, l’agence de presse catholique allemande KNA a révélé que la communauté catholique «Das Werk» (L’Oeuvre) avait déposé une plainte en référé contre le documentaire diffusée sur Arte. Mise en cause dans ce reportage, l’Oeuvre n’a pas pu répondre aux accusations portées contre elle. En cause les accusations portées contre un prêtre de la communauté actif jusqu’en janvier dernier au sein de la Congégration pour la doctrine de la foi au Vatican. Le film affirme des choses qui ne sont manifestement pas vraies, a indiqué à KNA le Père Georg Gantioler, porte-parole de «Das Werk».
Une des protagonistes du documentaire, l’ancienne religieuse de l’Oeuvre Doris Wagner a révélé avoir été contrainte à subir des gestes sexuels du prêtre en question dans le cadre de la confession. Or selon le Père Gantioler, ceci est manifestement faux. Le prêtre n’est pas coupable, car ses gestes n’avaient pas de connotation sexuelle. Après la confession, il lui aurait seulement touché la joue en signe de réconfort, ce qui est tout à fait courant.
Doris Wagner a également raconté son histoire dans un livre et lors d’un entretien télévisé avec le cardinal Christoph Schönborn diffusé en février dernier. (cath.ch/cx/kna/mp)
Maurice Page
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