C’est notamment grace aux travaux du professeur Iso Baumer, qui fut un des ses successeurs à l’Université de Fribourg, que cette exposition sur ce prince atypique «en avance sur son temps» a pu être montée. Elle illustre l’histoire de ce prêtre qui, au-delà de son activité académique, fut un pacifiste convaincu, un végétarien, un défenseur des animaux et un ami des pauvres. Sa simplicité extrême est restée dans la mémoire des Fribourgeois. Une rue de Bourguillon, à proximité du lieu où il vécut, porte d’ailleurs son nom.
Maximilien Wilhelm Albert de Saxe est né le 17 novembre 1870 à Dresde. Il est un des huit enfants de Georges Ier de Saxe (1832-1904) et de Marie-Anne de Portugal (1843-1884) et le frère cadet du roi Frédéric-Auguste III de Saxe. Sa famille ne veut pas qu’il devienne capucin, mais l’autorise à embrasser la prêtrise. Il fait ses études de droit, à Dresde, puis de théologie, il est ordonné prêtre à Eichstätt, en Bavière. Il renonce alors à tous ses droits au trône de Saxe.
Arrivé comme professeur à l’Université de Fribourg en 1900, Max de Saxe, il y développe et enseigne la «connaissance des Eglises orientales» à une époque où les orthodoxes n’étaient pas en odeur de sainteté dans l’Eglise romaine. Il réussit à susciter une atmosphère de sympathie à leur égard. Premier professeur à l’Université à s’occuper en profondeur de l’Orient chrétien, il fut un précurseur, un œcuméniste avant la lettre. Au moment du génocide des Arméniens, il est à pied d’oeuvre pour venir en aide aux réfugiés. Un article publié en 1910 lui vaut d’être condamné par le pape Pie X, puis destitué de sa chaire. Il devient alors professeur au séminaire de Cologne de 1912 à 1914.
Pendant la Première Guerre mondiale, il est aumônier volontaire du corps d’armée saxon sur les champs de bataille en Belgique et en France. Cette terrible expérience en fera un pacifiste convaincu et engagé pour le reste de sa vie. Face aux horreurs de la guerre, il dira: «S’il y a un Dieu, nous devons perdre cette guerre !» Cette remarque lui vaudra le courroux de son frère, le roi Frédéric-Auguste III de Saxe, qui le fait interner, pendant deux ans, au château de Wermsdorf.
Il revient comme professeur à Fribourg en 1921 et y restera jusqu’à sa mort en 1951. IL effectuera aussi de nombreux séjours à Leipzig, Londres, Würzburg, Lviv et Cologne entre autres.
Les plus anciens parmi les Fribourgeois se souviennent d’un homme vivant très simplement, chaussé d’espadrilles, vêtu d’une soutane élimée et donnant aux pauvres quasiment tout ce qu’il possédait. Végétarien, ami des animaux, il avait développé, bien avant l’heure, une véritable conscience écologique. A sa mort beaucoup le considèrent comme un saint.
Outre l’exposition, le diocèse de Dresde Meissen a célébré, le 11 avril dernier, une messe solennelle à sa mémoire. L’évêque Heinrich Timmerevers a salué une personnalité impressionnante et une figure révolutionnaire qui n’a jamais manqué de courage pour affirmer des vérités parfois dérangeantes. Le prince Alexandre de Saxe a également salué la mémoire de son arrière-grand-oncle. Cette célébration a été aussi l’occasion de remettre au diocèse de Dresde-Meissen les habits liturgiques et le calice d’ordination légués par Max de Saxe. (cath.ch/com/mp)
L’exposition dure jusqu’au 3 novembre 2019. Elle est accompagnée d’un important catalogue retraçant la vie et l’œuvre de Max de Saxe. www.schloesserland-sachsen.de
Maurice Page
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