La décision de l’IRS met l’association sataniste au même niveau, sur le plan juridique, que d’autres entités religieuses. «Cette reconnaissance assure le Satanic Temple d’avoir le même accès à l’espace public que les autres organisations religieuses, précise le groupe dans un communiqué du 25 avril 2019. Cela renforce notre position devant la justice quand nous combattons la discrimination religieuse, et cela nous autorise à revendiquer les avantages que l’Etat octroie aux groupes religieux». Aux Etats-Unis, les groupes ayant le statut d’Eglises bénéficient notamment d’allégements fiscaux.
Bien qu’il ne cache pas son allégeance au démon, le Satanic Temple qui revendique 100’000 adeptes a été fondé par des athéistes déclarés, indique le média américain Catholic News Agency (CNA). Le groupe affiche également un certain nombre de valeurs humanistes. Son imagerie satanique serait principalement une provocation face aux religions établies. Les membres du groupe dénoncent avant tout l’ingérence présumée de la religion dans l’espace public. Dans un interview de 2013, Douglas Mesner, porte-parole du Satanic Temple, avait parlé de son intention d’être une «capsule de poison dans le débat entre les Eglises et l’Etat».
Les activistes se sont déjà fait connaître en lançant des procédures juridiques demandant à ce que des images ou des statues sataniques soient installées dans des espaces publics, aux côtés des symboles traditionnels judéo-chrétiens. En demandant la pose d’une statue de Baphomet devant un bâtiment officiel d’Oklahoma City, en 2014, le Satanic Temple avait notamment réussi à empêcher l’installation prévue d’un symbole chrétien.
La reconnaissance du Satanic Temple par l’IRS survient après que des membres du groupe ont dû se défendre contre des accusations que leur «Eglise»était principalement une «combine politique». Un récent documentaire diffusé aux Etats-Unis a cependant suggéré que les convictions des membres étaient globalement sincères.
En février 2019, la Cour suprême du Missouri a débouté la plainte d’une membre du groupe qui affirmait que les lois de l’Etat sur «le consentement informé» avant un avortement violait ses croyances religieuses. La sataniste avait en particulier dénoncé le passage d’un livret informatif délivré à toutes les femmes engagées dans une démarche d’avortement. La brochure stipule que «la vie de tout être humain commence dès la conception. L’avortement met fin à la vie d’un être humain vivant, séparé et unique».
Le Satanic Temple a été également plusieurs fois en conflit avec l’Eglise catholique. En mai 2014, le groupe a tenté d’organiser une messe noire sur le campus de l’Université de Harvard, à Cambridge, dans le Massachusetts. Un porte-parole des satanistes avait annoncé aux médias qu’une hostie consacrée serait profanée lors de l’événement. Une information démentie ultérieurement par le Temple et le club de Harvard accueillant la manifestation.
Suite à de vives protestations de l’Eglise catholique et d’autres groupes religieux, la cérémonie avait été tout d’abord déplacée hors du campus puis finalement annulée. (cath.ch/cna/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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