Au moment où brûlait Notre-Dame de Paris, j’étais plongé dans la lecture de Guerre et Paix de Tolstoï et, drôle de hasard, j’en étais à l’incendie de Moscou de 1812…
Napoléon – couronné à Notre-Dame – était parti dans une folle expédition vers la Russie… Mais l’incendie de la capitale russe abandonnée par le tsar et la population, sans que l’on sache qui a bouté le feu, a signé le déclin de l’empereur des Français…
Dans ces pages, on assiste peu à des incendies d’églises qui pourtant étaient des centaines dans la Jérusalem russe. Mais Tolstoï met son génie à raconter une anecdote bien plus poignante. Pierre, un des héros du roman, erre dans les rues alors que les gens paniqués quittent les quartiers ravagés par les flammes. Il rencontre une mère désespérée de ne pas voir tous ses enfants autour d’elle: un bébé a dû rester dans la maison… Pierre s’engage alors dans les ruelles qu’on lui indique pour retrouver maison et bébé. Il sauve cet enfant, mais ne parvient plus à le remettre à sa mère, le confie à des voisins et est finalement arrêté par la police française avec accusation d’être un incendiaire. Cette aventure, cette arrestation et sa captivité vont changer le cours de sa vie et lui donner sens…
Un visage ne vaut-il pas plus qu’une cathédrale? La question est pertinente. Elle bouscule nos échelles de valeurs. Devant toutes les tragiques flammes qui incendient le monde, le feu qui luit au fond des yeux des enfants donne sens à notre histoire.
Guy Luisier, 23 avril 2019
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