Dès l’annonce d’un incendie à Notre-Dame, les théories du complot se sont multipliées sur internet. Les thèses se développent sur deux axes: un attentat islamiste que l’on essayerait de couvrir pour des raisons de «politiquement correct» et une «diversion» orchestrée par le gouvernement Macron, en difficulté dans l’opinion publique. C’est ainsi que sur les réseaux sociaux, des théories se sont propagées concernant la présence d’une personne en gilet jaune sur les lieux ou d’une mystérieuse silhouette humaine sur les échafaudages. Il s’est avéré que la première était un pompier et la seconde une statue.
Plus marginalement, l’incendie a été mis en lien avec la récente vague de vandalisme dans des églises françaises, voire une «punition divine» ou un funeste présage en lien avec la crise que traverse actuellement l’Eglise catholique.
De nombreux observateurs ont mis en garde contre ce type d’interprétations souvent utilisées pour stigmatiser l’un ou l’autre groupe social.
Les premiers éléments de l’enquête pointent une cause accidentelle de l’incendie. La police se penche en particulier sur un éventuel court-circuit dans les installations électriques mises en place pour la restauration de la grande flèche.
L’importance donnée à l’événement a également été la source de nombreuses polémiques, spécialement sur les réseaux sociaux. Alors que certains ont trouvé l’émotion suscitée fortement exagérée, d’autres ont évoqué la puissance du symbole représenté par l’édifice.
Deux membres haut placés du syndicat étudiant de France (UNEF) se sont moqués du recueillement national suite à l’incendie, se demandant notamment «jusqu’où les gens vont pleurer pour des bouts de bois». A l’inverse, la première dame de France, Brigitte Macron, a déclaré à la sortie de la messe chrismale qui se tenait le 17 avril en l’église de Saint-Sulpice, que Notre-Dame était «le symbole de tout ce qui nous unit».
Alors que les regards se tournent vers la reconstruction de l’édifice, les polémiques enflent concernant les sommes astronomiques évoquées pour les travaux. Si le gouvernement assure n’avoir aucune idée du montant, des spécialistes parlent de milliards d’euros. Des sommes qui pourraient néanmoins être assez rapidement rassemblées au vu du milliard de promesses de dons déjà récolté. Les plus grandes fortunes de France ont été en cela particulièrement généreuses, en promettant des centaines de millions.
Une mobilisation exceptionnelle qui a choqué certaines personnes estimant que cet argent aurait pu être mieux utilisé, notamment pour des projets sociaux. «En un clic, 200 millions, 100 millions, ça montre aussi les inégalités dans ce pays», a réagi le syndicaliste de la CGT Philippe Martinez. «Victor Hugo remercie tous les généreux donateurs prêts à sauver Notre-Dame de Paris et leur propose de faire la même chose avec Les Misérables», a aussi souligné l’écrivain Ollivier Pourriol.
L’incendie a suscité une vague de solidarité également au niveau international. De nombreux chefs d’Etat ont exprimé leurs condoléances à l’Etat français et aux habitants de Paris. Cela a notamment été le cas du président américain Donald Trump qui avait, dans les premières heures de la catastrophe, préconisé d’envoyer des canadairs pour éteindre le brasier. Des experts ont souligné par la suite qu’une telle opération aurait pu faire s’effondrer l’ensemble de la structure de l’édifice.
Le président a personnellement appelé, le 17 avril, le pape François pour lui faire part de son soutien. Il a, à cette occasion, offert au pape François l’aide de «ses plus grands experts» pour la reconstruction, ignorant peut-être que Notre-Dame de Paris est la propriété de l’Etat français.
Outre les retombées politiques et sociales, le drame produit des effets économiques. Notamment, depuis le 15 avril, le roman Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, a vu ses ventes monter en flèche, jusqu’à la rupture de stock chez les libraires, dans une grande partie de la France. Même chose pour la comédie musicale du même nom et le film des studios Disney Le Bossu de Notre-Dame.
Quelques heures seulement après l’incendie, des annonces surprenantes sont également apparues sur eBay, note le site d’information 20min.ch. On peut notamment acquérir sur la plateforme de vente en ligne des «cendres» de la cathédrale ou un morceau de bois prétendument récolté sur les lieux de la catastrophe. Par ailleurs, au moins 14 annonces proposaient aux enchères des T-shirts portant l’inscription «I love Notre-Dame», «Je suis Notre-Dame», ou autres illustrations en hommage à la cathédrale. La plateforme, qui interdit la vente de ce genre de produits, a retiré les publications posant problème. (cath.ch/ag/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/notre-dame-de-paris-des-retombees-de-lincendie/