La cathédrale Notre-Dame de Lausanne a déjà partiellement brûlé en 1825. Sa tour lanterne s’était alors effondrée, rappelle le quotidien 24 Heures. Les pompiers n’ont jamais eu à intervenir pour un incendie depuis, mais ils se préparent à l’éventualité.
A l’instar de Notre-Dame de Paris, la cathédrale de Lausanne est le principal emblème de la capitale vaudoise. La cité a connu plusieurs incendies dont celui du parlement cantonal en 2002.
«La police du feu et nous-même détenons un dossier d’intervention, complété de plans précis de la cathédrale», explique Michel Gandillon, porte-parole du Service de protection et sauvetage Lausanne (SPSL). En cas de départ d’incendie, une alarme retentit directement au centre des pompiers. La cathédrale est en effet dotée de détecteurs de fumée et d’extincteurs. Elle ne dispose cependant pas d’arrosage automatique (sprinkler), mais de quatre colonnes d’eau sous pression permettant d’atteindre les endroits les plus inaccessibles du beffroi et de la tour lanterne.
La charpente impressionnante est exclusivement en bois. Elle remonte en partie à la construction au milieu du XIIIe siècle. Comme à Paris, la cathédrale a été restaurée au XIXe siècle par le célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui est d’ailleurs mort et a été enterré à Lausanne en 1879.
La cathédrale Saint-Pierre de Genève domine la vieille-ville. Les pompiers connaissent leur terrain y compris les édifices culturel et religieux, a assuré à la Tribune de Genève, Nicolas Schumacher, commandant du service d’intervention. Il pointe la difficulté d’intervention lié à la dimension et la hauteur des bâtiments. En vieille-ville il n’est pas simple de déployer des nacelles ou des échelles de 30 mètres de hauteur. Au cours des dernières années les catholiques genevois ont été particulièrement frappés par l’incendie de deux de leur églises. Celle du Lignon en 2014 puis celle du Sacré-Cœur de Plainpalais en 2018.
A Fribourg, la cathédrale Saint-Nicolas est bien équipée contre les incendies, estime son sacristain Pierre Feraut qui fait tous les jours sa ronde dans les combles de l’édifice, rapporte La Liberté. Il faut dire que la silhouette massive de sa tour unique culminant à 76 mètres domine la vieille-ville de manière impressionnante. L’image de Fribourg, c’est sa cathédrale.
L’édifice gothique fribourgeois, construit entre 1283 et 1490, a jusqu’à ce jour échappé à l’incendie. La charpente de poutres de chêne et de sapin remonte aux années 1400. Certaines grumes mesurent plus de 30 mètres de long. Restaurée au début des années 2000, elle est équipée d’une vingtaine de détecteurs de fumée, reliés directement à la centrale des pompiers de la ville.
A Neuchâtel, la collégiale est aussi un élément majeur du patrimoine de la cité. Avec le château voisin, elle dispose d’un système de détection et d’alerte. Des inspections ont lieu régulièrement, explique le quotidien Arc Info. La charpente en bois date du XVe siècle. Elle avait été reconstruite après le grand incendie qui avait ravagé la ville le 20 octobre 1450.
Selon Samuel Monbaron, adjoint au chef de service de sécurité de la ville, de telles situations d’incendie sont exercées. «Si le feu prenait à la collégiale, les pompiers tenteraient de sauver les bien culturels et les murs. La toiture serait probablement sacrifiée comme à Notre-Dame de Paris.»
L’Abbaye de St-Maurice depuis sa fondation en 380 n’a connu pas moins de sept destructions dues à des catastrophes dont les éboulements et les incendies. La dernière remonte à 1942, lorsqu’un pan de rocher s’abattit sur le clocher. Couverte d’une charpente en bois, la basilique est doté de détecteurs de fumée.
A Sion, la cathédrale Notre-Dame du Glarier date de la fin du gothique au XVe siècle, rappelle Le Nouvelliste. «Sa charpente est en très bon état», témoigne le vicaire général Pierre-Yves Maillard. En cas de sinistre important, les différents corps de sapeurs pompiers locaux quitteraient leur zone d’intervention habituelle pour prêter main-forte à leur collègues.
A Bâle, le Münster, qui célèbre cette année les 1000 ans de sa fondation, court un peu moins de risques car sa charpente avait été remplacée en 1888 par une structure métallique précisément pour prévenir le risque d’incendie. Pour le responsable des Monuments historiques, Daniel Schneller, le principal risque a lieu pendant les travaux de rénovation. Un simple chiffon imprégné d’huile de lin ou de détergent inflammable peut facilement prendre feu, même spontanément.
A Soleure, la cathédrale baroque St-Ours et St-Victor a été la proie d’un incendie allumé par un pyromane, le 4 janvier 2011. Elle a alors subi d’importants dégâts et a été fermée durant un an et demi pour sa rénovation. Du coup, l’actuel évêque du diocèse de Bâle, Mgr Felix Gmür, a été ordonné à Olten le 16 janvier 2011.
Si Zurich n’a jamais eu de cathédrale, elle possède néanmoins plusieurs églises médiévales de la plus haute importance, notamment le Grossmünster et le Fraumünster. Dans une ville qui possède un grand nombre de maisons anciennes, un incendie comme celui de Notre-Dame est le pire des scénarios, note Peter Wullschleger, commandant des pompiers du canton. En vieille-ville de Zurich, les accès sont étroits et les maisons souvent en bois. Lors de feux de forte intensité la priorité est de protéger les bâtiments voisins. En cas d’incendie important, une charpente en bois ne tient guère plus de deux heures avant de s’effondrer.
A l’instar de la cathédrale de Fribourg, la collégiale Saint-Vincent de Berne est un des joyaux de l’art gothique en Suisse. Elle est elle aussi couverte d’une imposante charpente en bois. Lors des restaurations anciennes, elle a été imprégnée de produits chimiques qui sont des accélérateurs de feu, s’inquiète Annette Löffel, architecte en charge du bâtiment. Selon elle, ce genre de produits est peut-être aussi en cause à Paris. La collégiale est dotée de détecteurs d’incendie, mais on a renoncé volontairement à l’installation de spinkler automatiques susceptibles de causer de graves dégâts aux œuvres d’art et au mobilier. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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